Besançon : les gilets jaunes solidaires d’un apprenti guinéen, visé par une procédure d’expulsion
3 janvier 2021
Toufik-de-Planoise (97 articles)
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Besançon : les gilets jaunes solidaires d’un apprenti guinéen, visé par une procédure d’expulsion

Ce samedi 2 janvier place de la Révolution, ils n’étaient qu’une petite trentaine à s’être mobilisés. Gilets jaunes historiques, opposants à la loi sécurité globale, septiques des effets du confinement, tenaient à maintenir leurs revendications dans la rue. Malgré la période peu propice aux démonstrations de force, à laquelle s’ajoutent les restrictions préfectorales et sanitaires. Mais rapidement c’est un autre objectif qui s’est imposé : gagner le secteur Rivotte, afin de soutenir le gérant de « la Hûche à Pain. » L’un de ses apprentis, jeune guinéen, est en effet visé par une mesure d’expulsion… remise en cause par l’employeur, mais aussi la population exprimant une large solidarité.


Grandes causes et petites histoires.
Stéphane Ravacley a ouvert sa boulangerie il y’a quinze ans, dans ce secteur historique et fringant de Besançon-centre. C’est par ce biais qu’il décide d’engager Laye comme apprenti, alors mineur originaire de Guinée. Ce « bon gamin » est arrivé en Haute-Saône après un périple impressionnant, comme l’expose un portrait dressé par l’ancienne députée Barbara Romagnan sur Médiapart. Mais quelques mois après son dix-huitième anniversaire, les Autorités lui notifie une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une mesure banalisée, malgré des protestations le lundi 31 août 2020 et une manifestation aux flambeaux le vendredi 18 décembre dernier.

Mais le patron au grand cœur ne voulait pas en rester là. Déjà remarqué sur les ronds-points pour avoir offert la plupart de ses invendus un certain 17 novembre 2018, il est également relayé par ses autres salariés qui ont lancé une pétition atteignant près de 70 000 signatures en seulement six jours. L’affaire prenant de l’ampleur, il n’en fallait pas plus pour que les chasubles bousculent leurs habitudes en allant « saluer ce geste de courage. » Une initiative saluée par Marie, une des doyennes : « affirmer notre entraide auprès des plus modestes, c’est concrétiser ce pourquoi on est là depuis deux ans. C’est un acte humain et politique nécessaire. »


« Dés dimanche, je serai en grève de la faim. »
Sur place Stéphane Ravacley vient au contact du groupe, surpris et ému. Il développe alors la situation, assurant que tout les gages professionnels et scolaires justifient de l’insertion de sa recrue. « Il se lève tôt chaque matin, fourni un travail exemplaire, et bénéficie de retours similaires à son CFA… la décision ne se base que sur des questions administratives, par rapport aux carences en la matière dans son pays d’origine. Un rendez-vous avec son ambassade [située à Paris] devrait permettre de réguler cet aspect, et c’est à Nantes que les suites seront tranchées après un premier recours infructueux sur Besançon. Un avocat a été missionné à cette fin. »

L’artisan précise toutefois que le contrat a du être suspendu dés ce jour, et qu’en attendant le jeune homme est en lieux sûrs auprès de son association d’accueil. Mais il tient à se montrer rassurant : « une issue favorable est à espérer courant février. En cas de victoire, Laye reviendra ici sans problèmes. Je vous demande d’être patients. » Semble t-il conscient que le maintien d’une pression accommodante mais tenace reste nécessaire, il conclue en confirmant entamer une grève de la faim dés dimanche. Après ces dix minutes d’échanges, le cortège a repris la direction de la Boucle avec quelques déambulation avant de se disperser en milieu d’après-midi.

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