Besançon : huitième semaine de mobilisation contre le pass sanitaire
Environ 2 500 manifestants étaient présents à Besançon, prolongeant clairement le mouvement social contre le pass sanitaire au-delà de la période estivale. Si les mesures gouvernementales sont toujours prioritairement en ligne de mire sous l’axe des libertés individuelles, un développement social et économique à travers les répercussions salariales commence aussi à émerger. Mais du coté des syndicats de travailleurs et des organisations politiques, la convergence du samedi ne semble pas au programme. En attendant la vigueur des cortèges reste intacte, le passage par le tunnel de la citadelle ayant été l’un des temps forts de cette journée.
Le tunnel de la citadelle envahi.
14h00, place de la Révolution. Les rangs grossissent lentement, pour atteindre quelques 2 500 participants selon nos estimations (1 500 Préfecture, jusqu’à 4 800 organisateurs). Une fréquentation qui reste donc stable pour la rentrée, décevant quelque peu les plus téméraires qui espéraient « un sursaut. » Banderoles et slogans se sont attachés à évoquer de façon plus active la question des suspensions de contrat et des licenciements, touchant désormais toutes les fonctions visées par la loi n° 2021-1040 du 5 août 2021. « Il faut parler des libertés individuelles, mais le pendant social et économique est aussi crucial » indique Denis, pompier au SDIS du Doubs.
Le rôle des médias a été aussi pointé du doigt, l’équipe de France 3 Franche-Comté ayant été plusieurs fois apostrophée. « Presse aux ordre », « chiffres tronqués », « éteignez la télé allumez vos cerveaux », furent autant d’éléments par ailleurs visibles sur des pancartes. Lesquelles fustigeaient par dizaines le pass sanitaire, mais aussi la vaccination obligatoire, une forme de société du contrôle, ou encore le président Macron. « Les Patriotes – ensemble pour la Liberté », « professeur Raoult ce héros qui a sauvé des centaines de vies », « à bas le mondialisme totalitaire – faites vos recherches », et autres ronds vert du CNT, ont clôturés le panorama, certes de façon plus éparse.
Lancé dans le cœur historique de la capitale comtoise, le défilé s’est comme souvent arrêté un moment afin de mener quelques allocutions place du Huit septembre. Avant de reprendre en direction du tunnel de la citadelle, récemment ré-ouvert à la circulation. Cet axe majeur sera occupé pendant une vingtaine de minutes par une foule festive et revendicative, satisfaite de retrouver ce passage après plusieurs mois de travaux. C’est sur Préfecture que le terminus est finalement fixé, en face d’un cordon de la police nationale. La journée se conclura dans la bonne humeur vers 17h00, entre les tambours d’une fanfare et les chansons d’un sound system improvisé.
Les Travailleurs dans la tourmente.
Avec un rassemblement dés le 9 août dernier au CHRU Minjoz, les blouses blanches ont parfaitement fait entendre leur mécontentement. Fonctionnaires municipaux (30 août), personnel de la médiathèque Mandela (2 septembre), et agents du conseil régional (6 septembre), ont pris le relais depuis la rentrée. Certains petits patrons en particulier dans le domaine de la restauration aussi, à l’instar du « Tandem » et de « La citronnade » à Besançon. Si ces luttes répondent à des niches spécifiques, ces secteurs n’en sont pas moins représentés dans les cortèges. Mais de ce climat incontestable de fronde, apparaît surtout une résistance chronique et sectorielle.
Syndicats, partis, et organisations, sont en effet rarement à l’unisson sur ce volet. Si le soutien des principales unions locales (CGT, FO, SUD/Solidaires, FSU, UNSA…) est particulièrement notable lors des mobilisations professionnelles, l’idée d’une participation au-delà est massivement rejetée par les centrales et militants. La volonté d’une grève générale peut ainsi être abordée le samedi, mais semble d’autant moins plausible sans cette égide et surtout en l’absence des salariés du privé. Ces derniers, directement impactés par les mesures gouvernementales dont des sanctions conséquentes, sont proportionnellement peu présents dans les manifestations.
« Entre les difficultés pratiques pour s’engager et l’absence de mot d’ordre par exemple sur le pouvoir d’achat, les petites mains ont du mal à être là » avance un commercial de Dole. Faute de perspective, le mouvement est-il condamné ? « Il y a toujours autant de monde, mais tous ne tiennent qu’avec de la détermination. On en est déjà à deux mois de bataille, je ne suis pas certain que cela va tenir longtemps… si ça ne bouge pas plus au niveau des boîtes, le seul horizon possible est la radicalisation. « Ça va péter » est repris dans les slogans, alors soyons concrets avec la paralysie des centres urbains et le blocage de l’économie » analyse un ancien gilet jaune.