Putains dans l’âme : à Besançon, dix ans d’engagement pour les travailleurs du sexe
10 janvier 2021
Toufik-de-Planoise (97 articles)
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Putains dans l’âme : à Besançon, dix ans d’engagement pour les travailleurs du sexe

L’association PDA (Partage, Droits, et Autonomie), organisait ses premières portes ouvertes ce dimanche à Battant. Lancée en 2014, elle se veut un complément du collectif « Putains dans l’âme » qui fête quant à lui son dixième anniversaire. Une présence globale visant à rapprocher les travailleurs et travailleuses du sexe de la région, afin de défendre et améliorer leurs conditions professionnelles et personnelles. Autour d’un café et de petits gâteaux, ses bénévoles ont accueilli, animé, et présenté leurs activités, à des curieux venus nombreux pour s’informer et échanger.


Un anniversaire singulier.

Putains dans l’âme, c’est bientôt dix ans d’existence et de combat à Besançon. Celui de soutenir les travailleurs et travailleuses du sexe (TDS), par et pour les concernés et en considération de leurs parcours et de leurs diversités. Une vision d’émancipation, d’horizontalité, mais aussi d’un féminisme non-conventionnel assumé, dont l’émergence et l’implantation restent encore aujourd’hui une exception surtout pour une ville moyenne. Le collectif s’est depuis désormais cinq ans aussi décliné en association 1901, afin de développer plus largement des actions pratiques.

Ainsi des maraudes sont organisées plusieurs fois par mois, afin d’accompagner les TDS de la Métropole. Outre un lien social précieux, elles assurent une aide concrète notamment grâce à des brochures explicatives dans une dizaine de langues, par le soutien apporté lors de démarches administratives, ou encore concernant la prévention des risques avec la distribution de dispositifs médicaux. Permanences et réunions hebdomadaires, mise à disposition d’une « zone de gratuité », installation d’une librairie « au bonheur des garces », achèvent la panoplie.

Les actions de communication ponctuelles sont également menées afin de sensibiliser le grand public sur la question, par des collages militants, des soirées dédiées et projections de films, ou à travers ces premières portes ouvertes. Une dernière occasion saisie par bien des visiteurs, qui ont pu découvrir et s’interroger sur ce « milieu » régulièrement emprunt de fantasmes et stéréotypes. Pratiques et déroulement, profil des TDS et des clients, législations et jurisprudences, autant de thèmes parfois complexes qui ont pu être abordés, développés, et parfois déconstruits.


« Nous sommes indépendantes, ni soumises ni tributaires de qui que ce soit. »
Au fil des débats, nous nous arrêtons notamment sur la situation locale. Combien y’a t-il de travailleurs et travailleuses du sexe ancrés à Besançon ? difficile d’obtenir des chiffres, même pour l’une des intervenantes. Mais celle-ci explique volontiers les relations établies avec les Autorités et autres structures de la ville : « ici nous sommes tolérées sur certaines zones du centre ville, et à ma connaissance personne n’a reçu de contravention durant le confinement ou le couvre feu. Il n’y a pas de conflits avec les services de police, mais ailleurs les choses se passent plus difficilement. »

Avec la municipalité et les organisations féministes, la nuance est de mise. En novembre dernier, une campagne d’affichage amalgamant prostitution et diverses violences a été mal perçue. Mais notre interlocutrice espère la convergence. « Nous tissons des contacts et des partenariats réguliers avec des entités et acteurs institutionnels et associatifs, « Aides » Bourgogne/Franche-Comté ainsi que d’autres groupes en France. Nous travaillons à mieux matérialiser cela dans des cortèges communs, comme lors de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars. »

Tout en rappelant leur leitmotiv : « nous sommes indépendantes, ni soumises ni tributaires de qui que ce soit, pas même des clients dont l’argent ne peut tout acheter… et surtout pas nos principes ! » La période de crise sanitaire est évidemment abordée, puisque conséquente dans le quotidien et les finances des TDS. Une collecte en ligne a été proposée, alors que les activistes de PDA doivent aussi tourner au ralenti. « Notre local a été inauguré quelques semaines avant la pandémie. Mais nous comptons bien enrichir et amplifier notre mouvement. »

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