Besançon : 150 manifestants « pour les libertés publiques. »
Ce jeudi soir à Besançon, une centaine d’opposants aux « mesures sanitaires restrictives » ont faire valoir leur mécontentement. À la veille d’un deuxième confinement ordonné par le gouvernement, les interrogations et craintes concernant son bien-fondé et surtout quant à ses répercussions semblent prendre de l’ampleur. Si sur le pavé la fronde reste modeste, l’accueil des habitants s’est cette fois considérablement amélioré. Plusieurs événement internes ont néanmoins refroidit les ardeurs, divergences idéologiques et tactiques revenant sur la table des discussions.
Une sympathisante d’extrême-droite évincée.
Place de la Révolution, ils sont une bonne centaine à s’être rassemblés. Les prises de parole s’enchaînent spontanément, beaucoup évoquant des décisions économiques, sociales, et politiques, lourdes de conséquences pour la population. La foule, haranguée, s’apprête à prendre la rue. Mais l’apparition d’une femme brandissant une affiche de soutien « pour Ryssen » suscite de vives tensions. Si deux de ses compères ont d’abord essayés de plaider la « liberté d’expression » puis d’arguer une « vision du personnage déformée par les gauchistes », de plus en plus de participants appelaient à « dégager les indésirables par la force. » La plupart ont expliqué « qu’ils ne voulaient en aucun cas s’associer avec ces marginaux adeptes d’un facho notoire. »
Il faut dire que le personnage est loin de faire l’unanimité, surtout dans une ville où la tradition antifasciste est fortement ancrée. Activiste d’extrême-droite passé par le Front national puis le M.N.R., proche du négationniste Robert Faurisson et du pétainiste Yvan Benedetti, Hervé Ryssen se présente lui-même comme « raciste, antijuif, et antisémite », ayant d’ailleurs été mis en cause et condamné dans ce registre, mais aussi pour des menaces de mort et des faits de violences y compris à l’encontre de journalistes. Visiblement peu coutumière des mouvements sociaux bisontins, la partisane a préféré s’éclipser. Quelques commentaires « d’anciens » fusent à l’arrière, s’accordant « à respecter les opinions de chacun, mais rejeter sans ménagement la propagande haineuse. »
« Travaille, consomme, et ferme ta gueule ! »
L’incident passé, on retrouve les revendications portées et donc le thème escompté. Pancartes, banderoles, et drapeaux, se mêlent aux slogans et aux paroles qui se précisent. « Je suis là car sous couvert de la crise, le contrôle des individus va être renforcé » déclare Pascal ; « ce qui me révolte surtout pour ma part, c’est l’amateurisme total des autorités… on ferme des lits encore récemment à Besançon, et comme personne ne peut plus assumer le nombre d’hospitalisations on nous balance des mesures drastiques derrière afin d’éviter la catastrophe » renchérit Marie ; « il est étrange, ce virus. Il ne prends pas les transports en commun et n’aime pas plus les entreprises, par contre il sévit dans les lieux de convivialité. Une jolie mascarade » conclut Thibaut.
Une tournée des bars et des restaurants de la cité historique s’improvise, sous l’œil souvent bienveillant des professionnels, clients, et riverains. Pour les serveurs comme les convives attablés, la conscience de ce dernier verre rends le message particulièrement audible. Au plus fort de la soirée, environ 150 protestataires sont estimés par nos soins et jusqu’à 200 revendiqués ; un rebond numérique tout de même notable, par rapport à la trentaine de présents le samedi 17 octobre dernier. On y retrouve pas mal de gilets jaunes, des syndicalistes, des membres de collectifs écolos et altermondialistes, des libertaires et autonomes, mais aussi des acteurs du milieu associatif, des jeunes inquiets de la situation, et une poignée d’artisans et petits commerçants.
Préfecture, je t’aime moi non plus.
Après un passage dans les secteurs fréquentés des rues Bersot, Courbet, puis Battant, le défilé commence à s’étioler. Quelques légers débordements sont par ailleurs signalés aux environs de la place Louis Pasteur, lorsque des bennes sont récupérées et leur contenu jetés sur la voie publique ; un comportement globalement peu apprécié, ne manquant pas de déjà provoquer des dissensions. Par la suite plusieurs sacs d’ordures sont encore déversés sur le parvis de la Mairie, puis devant l’entrée de la Préfecture ; dans ce dernier cas, la disposition de barrières de chantiers afin d’entraver la circulation et les tentatives d’incendies aux détritus finissent d’agacer la vingtaine de téméraires toujours mobilisés déclenchant débats et empoignades.
Au même moment une estafette de la police nationale intervient afin de sécuriser le site, alertée par les images de vidéosurveillance pléthoriques dans la Boucle. S’adressant aux récalcitrants, le commissaire qui en ressort assure seulement « déplorer ce spectacle, où un pauvre type payé au lance-pierre va devoir mettre les mains dans la merde. » Le reste de la foule reprends alors la rue Charles Nodier, avant de se disperser petit à petit au niveau de Chamars entre 22h30 et 23h00. En Bourgogne/Franche-Comté, la capitale comtoise tire son épingle du jeu ; à Dijon, Lons-le-Saunier, Dole, Belfort, ou encore Chalon-sur-Saône, d’autres démonstrations étaient également programmées, mais n’ont été suivies que par quelques dizaines de personnes.