Communiqué : Disparition de Gaston Bordet
Communiqué de presse suite à la disparition de Gaston Bordet
« S’il est des messages que l’on envoie avec émotion, celui nous annonçant le décès de Gaston Bordet en fait indéniablement partie.
Gaston Bordet, notre camarade, membre du Parti Socialiste depuis sa création en 1958, nous a quitté ce vendredi 16 août 2024, à l’âge de 91 ans.
Agrégé d’histoire, Maître de conférences, spécialiste de l’histoire du mouvement des idées du 19ème siècle, commandeur dans l’ordre des palmes académiques, Gaston BORDET n’en était pas moins résolument ancré dans son temps ne manquant juste qu’à ses derniers jours, sous aucun prétexte, la lecture de la presse quotidienne.
Qui ne l’aura pas entendu défendre la modernité politique des « utopistes » sociaux, et autres penseurs, principalement Proudhon, Fourrier et Victor-Hugo, et surtout appeler à l’urgence de s’inspirer de leur héritage. Militant hors pair et inspirant, il était également un amoureux de Besançon et de ses collines qu’il arpentait aussi souvent qu’il lui était permis.
Homme de culture, d’une humanité et d’un engagement rare, il restera pour beaucoup d’entre-nous l’incarnation vivante de la liberté de pensée et d’agir, mais aussi et surtout du courage et de la défense déterminée de ce à quoi il croyait.
Comme le disait Victor-Hugo, par lequel, je ne peux que conclure – provisoirement – ces quelques mots : « Les morts sont des invisibles mais non des absents ». La mémoire et l’impact de Gaston Bordet continueront de raisonner longtemps parmi les Socialistes et auprès de toutes celles et ceux qui auront eu le privilège de le connaître.
Nous serons naturellement présents lors de la cérémonie d’hommage auprès de la famille de Gaston Bordet et de ses amis à qui nous adressons, dès à présents nos pensées les plus sincères. »
Jean-Sébastien LEUBA – Responsable de la Section de Besançon et de son agglomération
L’historien spécialiste de Proudhon était syndicaliste au SGEN où il représentait les « pions » et président de l’AGEB-UNEF à l’université de Besançon lors de la disparition de Maurice Audin. Il avait témoigne pour Factuel en 2018 des tensions qui régnaient avant son élection en novembre 1956 entre anti-colonialistes et pro Algérie française qui ont animé le syndicat étudiant pendant un an avant lui. Un portrait réalisé par le journaliste Daniel Bordür qui revient sur sa vie et son activité, à retrouver sur Factuel.Info
Extrait
Première manif en mai 1954 pour la paix en Indochine
Lecteur depuis plusieurs années de Témoignage Chrétien, Gaston Bordet savait que les guerres coloniales étaient sales : « La guerre d’Indochine a été un événement important pour le monde étudiant. On savait par TC que ça n’allait pas, que des moyens inadmissibles étaient utilisés. Le fait que François Mauriac fasse un éditorial chaque semaine dans L’Express, c’était extraordinaire… La première manif à laquelle j’ai assisté, c’était en mai 1954, on s’était rassemblé devant la préfecture pour interpeller Mendes-France… »
Quand la guerre d’Algérie commence quelques mois plus tard, le 1er novembre, l’information de la gravité de la situation ne lui parvient aussitôt : « on n’a pas su que c’était aussi organisé. On a d’abord cru que c’était des brigands. En France, on ne s’est pas rendu compte de suite de la situation des Algériens, leur culture, leur mode de vie n’étaient pas connus des Français. Les grands colons avaient pris les terres. Les Français n’avaient pas toujours les moyens de la connaissance de la réalité profonde de ce qu’était la vie du peuple algérien. Camus a su ce que c’était. On n’était pas informé, ni en France ni les colons. On ne s’est pas rendu compte que le monde arabe était en effervescence, comme en Egypte avec Nasser. Ce serait maintenant, j’ouvrirais les yeux davantage. On ne connaissait pas le comportement des colons… »
La rédaction Radio BIP / Média 25 adresse ses condoléances à la famille et ses proches.