Mort du journaliste français Frédéric Leclerc-Imhoff en Ukraine – La réaction de son amoureux
Ce Lundi 30 Mai, le journaliste pigiste français Frédéric Leclerc-Imhoff , a été tué par un bombardement russe, alors qu’il filmait une évacuation de civils à Lysychansk dans la région de Louhansk. Il se trouvait dans un camion blindé, qui malgré les protections, a été transpercé par des éclat d’obus, tombés pas loin.
Le JRI était en Ukraine à sa deuxième mission pour BFM. Il était accompagné par son collègue de rédaction Maxime Brandstaetter et la fixeuse Oksana Leuta (qui ont été blessés légèrement dans l’attaque). L’annonce de sa mort a été faite par Serhiy Volodymyrovych Haidai, chef de l’administration régionale de Lougansk sur sa page Telegram.
Parmi les nombreux témoignages, nous avons choisi de publier celui de Sam, son amoureux. Il s’est exprimé sur Instagram ou il a publié cet émouvant texte, que nous reproduisons ici :
« J’écris ce post à 4h du mat, après avoir écumé tous les articles « qui était Frédéric Leclerc-Imhoff ». Il n’y en a aucun qui est juste, aucun qui retranscrit la personne que j’aimais et que j’ai perdue hier en Ukraine. Les récupérations politiques que je lis me donnent déjà envie de gerber. J’ai envie de lui rendre justice avec mes mots, autant que possible.
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Ça faisait tout juste 1 an que j’étais avec Fred. On avait matché de suite, j’aimais son côté sensible, à l’écoute et engagé. On pouvait discuter de l’actu pendant des heures, son métier le passionnait malgré la précarité du statut de pigiste et les horaires de l’enfer qu’on lui imposait depuis des années.
On parlait aussi beaucoup de nos émotions, de nos ami.es, de nos relations. C’était quelqu’un de passionné qui n’avait pas peur de le dire. Il m’avait dit « je t’aime » au bout de quelques semaines, on avait dit fuck à la sobriété imposée et aux faux semblants des débuts de relation.
Avec le temps, j’ai aussi appris que c’était quelqu’un sur qui je pouvais réellement compter, enthousiaste pour me suivre dans n’importe quel projet, que ce soit cuisiner ensemble une énième recette vegan, coller des paillettes sur un corset, aller prendre des photos dans un parc ou m’accompagner à un show de drag. Il était aussi là quand ça n’allait pas, quand j’en pouvais plus de ce monde de brutes et que j’avais besoin de le serrer dans mes bras.
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Fred m’a connu avant mon coming-out. Il a été la 1ere personne à me genrer au masculin, à me rassurer, à m’aimer sans condition aucune. Il m’a toujours soutenu dans ma transition. On se prenait régulièrement de l’homophobie dans la rue, des « pédés » aux sales regards. On avait un peu peur qu’un jour il nous arrive un truc à cause de ça. Je lui avais dit d’effacer les photos sur son téléphone avant de partir en Ukraine, au cas où. Au cas où…
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Voilà, Fred est mort hier et j’ai l’impression que le temps s’est suspendu. Quand il est parti en Ukraine, on se disait qu’un mois sans se voir, c’était vraiment trop long. Un mois, c’est devenu le reste de ma vie. »