Montbéliard : victime de harcèlement et candidate aux élections CSE, une salariée de Colruyt menacée de licenciement
Une mobilisation avait lieu ce jour devant le supermarché Colruyt d’Arcey près de Montbéliard, afin de dénoncer une procédure de licenciement ciblant une salariée du groupe de hard-discount. Ils étaient nombreux à la soutenir en l’accompagnant pour son entretien, les tenants et aboutissants de ce dossier sensible scandalisant le milieu militant de la région et au-delà. Mélanie Santi, presque dix ans d’ancienneté, et fraîchement encartée à la CGT, décrit un véritable climat de tension et d’acharnement mené à son égard par sa direction depuis un peu plus d’un an. La jeune femme se dit victime d’un règlement de compte, engagé pour avoir dénoncé le harcèlement moral et sexuel de la part son supérieur direct et envisagé de se présenter aux prochaines élections professionnelles.
Mélanie Santi travaille pour l’enseigne Colruyt depuis décembre 2012, officiant au service boulangerie de Mathay dans le pays de Montbéliard. Une vie professionnelle absolument classique et tranquille, qui ne sera tâchée d’aucune dissension y compris avec sa hiérarchie. Jusqu’en 2019. La jeune femme dénonce alors le harcèlement moral et sexuel qu’elle dit subir de la part de son responsable, de façon répétée au travail comme en-dehors. Les accusations, particulièrement graves et documentées, aboutissent, selon elle, à une sanction disciplinaire pour l’auteur : trois jours de mise à pied. Mais à la suite de cette procédure, sa direction décide de la muter, officiellement afin de la préserver et de séparer les parties en litiges, se retrouvant ainsi à Bavans sur un poste d’employée libre-service.
Une candidature trop gênante ?
En Franche-Comté, la chaîne de grande distribution représente une vingtaine de sites et plusieurs centaines de salariés, regroupés sur les secteurs du Doubs, de la Haute-Saône, et du Jura. Disposant toutefois d’un CAP et appréciant son domaine, Mélanie Santi exige de regagner ses premières fonctions. Accompagnée par la CGT à laquelle elle adhère, c’est au supermarché d’Arcey qu’elle finit par retrouver pains et viennoiseries en juin 2021. Mais alors que les élections CSE (Comité Social et Économique) sont prévues en mai prochain, sa volonté d’y participer, avec le soutien du syndicat, se serait ébruitée au sein des instances régionales. Quelques semaines après avoir exprimé cette possibilité, elle reçoit un courrier la convoquant à un entretien préalable à éventuel licenciement.
Pour la boulangère c’est un coup de massue, mais la nouvelle soulève rapidement l’indignation. Convoquée ce lundi 11 octobre à 11h00, Mélanie Santi a pu compter sur la présence de près d’une centaine de soutiens. Pour José Avillès, secrétaire de l’UD-CGT du Doubs, et Richard Oberon, de l’UL-FO de Montbéliard, il était nécessaire d’afficher une large unité face à la situation. Sur place, secteurs, sections, et étiquettes sont en effet multiples. Antoine Cordier et Patrick Rougier, des UL-CGT de Dole et Montbéliard, prennent la parole : « L’employeur de notre camarade cherche des éléments futiles, qui ne sont qu’une somme de prétextes afin de régler son cas… cela, bien sur, pour qu’elle ne soit plus là en 2022. Colruyt ne veut pas d’une contradictrice qui ose se lever face aux injustices. »
« Toute cette procédure, c’est un écran de fumée. »
Après 1h15 d’entretien, le couperet tombe. D’après Mélanie Santi et son conseil Lilian Verjus, les griefs formulés se sont avérés vides. « On me reproche un problème de comportement, qui selon le manager régional mettrait une mauvaise ambiance dans le service. En réalité, il n’y a pas plus de charges concrètes derrière cette imputation générale… et ce motif, aussi creux que fallacieux, me révolte. Pendant sept années, je n’ai jamais eu le moindre soucis avec quiconque dans la boîte. J’étais unanimement appréciée, de mes collègues comme de la clientèle. Mais bizarrement, depuis que j’ai osé me plaindre de la conduite inadmissible d’un cadre, et alors que l’hypothèse que je participe aux prochaines échéances circule, je serais subitement devenue insupportable pour certains. »
Un argumentaire qui courrouce d’autant plus José Avillès : « Mélanie est devenue la cible à abattre. Ses patrons ont compris que si elle devait être élue, elle mènerait un mandat sincère et combatif pour défendre les droits du personnel. Toute cette procédure, c’est un écran de fumée afin de l’en empêcher. C’est elle, la victime, qui a dit stop, qu’on a déplacé, et changé d’affectation, alors que son agresseur aurait au mieux écopé d’une réprimande bien modeste. Il faudrait rappeler à Colruyt sa charte contre le sexisme, les discriminations, et le harcèlement. Ce qu’il se passe ici est une honte. Nous ne lâcherons pas ce dossier ! » La société à entre 48h et un mois pour se prononcer sur les suites qu’elle compte donner. D’ici là, un second rassemblement est annoncé dés lundi prochain.