Pass sanitaire : face aux restrictions, occupations publiques et piques-niques populaires se multiplient
Ce mercredi soir à Besançon, la deuxième édition des « pique-niques sans pass sanitaire » a réuni une trentaine d’hôtes. Proposés en réaction à l’interdiction de fréquenter les lieux de commerces, de services et de loisirs, en l’absence du précieux sésame, ces rendez-vous « alternatifs et populaires » se multiplient dans la région. Avec un succès relatif, mais croissant. Au sein de la profession, en particuliers les bars, cafés, et restaurants, ce tapage entraîne de réelles appréhensions. Entre appels au boycott et pression des pouvoirs publics, cette reprise est pour eux synonyme de casse-tête.
Nuit debout comme modèle et précédent.
Place de la Révolution, tables, chaises, victuailles et convives se dressent spontanément près de la fontaine des Eaux d’Arcier. Après une première édition lundi dernier, ils sont là encore une trentaine à « réquisitionner » l’espace public afin de festoyer. « Les bistrots ne veulent plus de nous ? Aucuns problèmes, nous nous passerons désormais d’eux pour prendre un verre et passer des moments conviviaux » indique une participante. Comme un parfum de « nuit debout » et de « gilets jaunes », mouvements auxquels certains avaient déjà pris part et se réclament clairement.
En Bourgogne/Franche-Comté, Besançon est loin d’être un cas isolé. À Lons-le-Saunier, Dole, Chalon-sur-Saône, Dijon, Montceau-les-Mines, ou encore Belfort, des événements similaires sont organisés. À chaque fois, à partir des mêmes motivations : le sentiment de rejet d’une société de consommation dont la plupart se sentent philosophiquement, économiquement, et désormais sanitairement exclus ; et, bien sur, la volonté de reprendre les choses en main, en proposant une alternative collective, horizontale, et populaire. Le tout, jusqu’alors, est toléré par les autorités.
Restaurateurs et cafetiers dans la tourmente.
Si ces rassemblements s’inscrivent dans une ambiance bon enfant et ne concernent (pour l’instant) que quelques dizaines de téméraires, ils traduisent toutefois un état d’esprit qui commence à inquiéter bien des restaurateurs et cafetiers. Beaucoup d’entre eux craignent en effet d’être la cible d’appels au boycott des enseignes exigeant le pass sanitaire, régulièrement diffusés sur les réseaux sociaux mais également dans les manifestations-monstres du samedi après-midi. Exemple par mis d’autres, le « Bar de l’U » a publiquement concédé ses difficultés en la matière.
Si d’autres notent une baisse de fréquentation, ils se veulent rassurant : « depuis lundi, ça ne se bouscule pas aux terrasses. Mais c’est à l’image de cet été, où la perte des touristes étrangers se ressentait déjà. Localement, il faut voir les effets à long terme » rapporte un tenancier de Battant. Mais comme lui, combien vérifient les titres de sa clientèle ? Sur quatre établissements testés dans le centre, il s’agit du seul qui s’est enquéri de ce préalable. Les acteurs du secteur, touchés par la pandémie, et misant sur cette reprise, ne semblent pas très enclins à jouer les policiers.