Frédéric Vuillaume convoqué par la police … à nouveau
Alors que les manifestations continuent chaque samedi avec un important regain des mobilisations, Frédéric Vuillaume, est à nouveau désigné par la police de Besançon comme « responsable d’organisation d’une manifestation sur la voie publique sans déclaration préalable« .
Syndicaliste FO et figure connue des Gilets Jaunes de Besançon, il n’arrive plus à compter le nombre d’interpellations qu’il a subi. Et pour cause, entre les mises en garde à vue, les présentations devant le tribunal de police ou les interpellations pour vérification d’identité, il y a de quoi se perdre dans les chiffres. Quand les policiers ne passent pas à son domicile pour une perquisition, c’est pour une convocation que la sonnerie sonne. Et c’était pour cette raison précisément, que des policiers se sont rendus à son domicile, pour une énième « convocation en vue d’une audition libre ».
Ce 3 aout 2021, il n’était pas à son domicile. C’est le fils de sa compagne (18 ans) qui va ouvrir la porte et à qui, d’après son temoignage, les policiers vont demander à s’identifier, pour lui laisser la convocation en main propre, en disant « c’est cadeau ».
Et c’est donc, dans le cadre d’une enquête en cours menée par la police bisontine, qu’il a été auditionné ce 5 août à 10 heures. Une enquête qui a comme but de trouver l’organisateur de la manifestation et de le présenter au tribunal pour organisation de manifestation sans déclaration préalable. Un autre gilet jaune, qui avait apporté un système mobile de sonorisation, a également reçu le même type de convocation pour les mêmes raisons.
Frédéric Vuillaume, s’est présenté à son audition, comme demandé et témoigne :
« Ils m’ont montré les posts Facebook, ils m’ont interrogé sur mon activité Facebook. Ils m’ont dit que j’étais en tête de la manif, que je scandais des slogans. J’ai répondu, j’ai rien à déclarer, mais j’ai expliqué quand-même que c’était pas la première fois que j’étais ciblé par la police pour la simple raison que j’ai exercé mon droit de manifester de façon pacifique. J’ai parlé de mes gardes à vue, de ma perquisition. J’ai demandé aussi ou était mon ordi (n.d.l.r. lors de sa première perquisition, en 2019, la police a confisqué un ordinateur qui lui servait pour son activité syndicale). J’ai aussi expliqué que j’ai été relaxé et que c’était une entrave à mon droit de manifester. D’ailleurs je manifesterai toujours pacifiquement, comme je l’ai toujours fait ».
Il a aussi dénoncé la façon dont cette convocation a été transmise en main propre à un jeune de 18 ans et que ça n’était pas une façon professionnelle de faire. « Et ça tombais bien », dit-il, « c’était le même brigadier chef qui m’interrogeait et qui avait apporté la convocation à mon domicile »
Le syndicaliste est clair sur cette nouvelle convocation: « Le gouvernement a peur car cette mobilisation prend de l’ampleur, ils essaient par tous les moyens de l’arrêter. Ils veulent absolument mettre la pression sur les manifestants et ils s’en prennent toujours aux gens qui sont les plus motivés. Ils me connaissent depuis longtemps et ils veulent en remettre une petite couche.
Samedi je serai sur le terrain, si l’on m’empêche pas. Je me méfie, car je les connais, ils savent faire. De toute façon, s’ils me mettent à nouveau en garde à vue, je ferai pareil. Aucune déclaration. Ils vont juste perdre du temps. Mais il faut savoir qu’un gilet jaune de Dijon a été mis en garde à vue Samedi, ils l’ont gardé pendant 21 heures et ensuite il a reçu une convocation pour une audition libre comme moi, pour le 4 août. Donc ils sont capables de tout. »
Frédéric Vuillaume est ciblé depuis le début des manifestations Gilets Jaunes, en 2018. Amnesty International a parlé à plusieurs reprises de son combat en déplorant qu’il soit devenu symbole d’un « harcèlement dont certains manifestants et manifestantes pacifiques peuvent être victimes en France. » L’association, connue mondialement, demande à ce que les autorités cessent de traiter les manifestants comme des délinquants. Frédéric Vuillaume est un manifestant, pas un criminel », concluent-ils.
Au mois de septembre, Amnesty International sortira un documentaire qui mettra en lumière les différentes situations d’harcèlement policier et/ou judiciaire en France et le cas de Frédéric Vuillaume sera étayé.
A ce jour, le syndicaliste a été relaxé à plusieurs reprises, pour les mêmes chefs d’accusation et son casier est vierge.