Les jardins de l’Engrenage à Dijon, la fin d’une utopie urbaine
Le 20 juillet dernier, les ultimes résistances ont été balayées. La zone autogérée de « l’Engrenage », à Dijon, vient d’être définitivement reprise par les pouvoirs publics. Après un long bras de fer judiciaire, la décision est en effet tombée fin juin. Et après quelques semaines de battement, le site s’est vu investir par des dizaines d’uniformes. Abris, végétations, et légumes, ont été depuis écrasés. Cet espace alternatif, autant que le conflit qu’il a suscité, était devenu l’un des emblèmes du genre en Bourgogne/Franche-Comté, avec le quartier libre des Lentillères et celui des Vaîtes à Besançon.
La décision était tombée le 29 juin dernier, la cours d’appel de Dijon rendant les jardins de « l’Engrenage » dès lors expulsables. Ce site fut « illicitement » occupé pendant plus d’un an, une contestation articulée entre la défense d’impératifs environnementaux et la volonté d’expansion immobilière de la Municipalité. Ce « poumon vert », transformé pour partie en jardins, habité en permanence par quelques téméraires qui faisaient ainsi vivre les lieux, n’aura donc pas tenu face à l’appétit des promoteurs. 307 logements doivent éclore, sous l’égide du groupe « Ghitti. »
Après plusieurs mois de lutte judiciaire, médiatique, et concrète sur le terrain, l’essentiel de ce bastion avait déjà été évacué par les forces de l’ordre dés la fin du mois d’avril. Un coup rude. Mais qui n’avait pas empêché les protestataires de revenir cultiver la rébellion, souvent avec les moyens du bord. Il ne restait toutefois plus que la modeste maisonnée et ses deux locataires pour continuer le combat du quotidien, autrement dit une gageure en cas de nouvelle offensive policière. Ce qui se produisit ce 20 juillet, la débâcle étant totale en seulement quelques heures.
Les soutiens et mobilisations, eux, ne faiblissent pas. Dés le vendredi suivant, une manifestation appelait la ville à « se vacciner contre le béton. » Ces irréductibles n’ont cependant pu qu’être spectateurs de ce qu’est devenu leur « paradis », grues et tractopelles ayant réduit les maraîchages et logis à néant. Le parallèle avec la situation des « Vaîtes » à Besançon paraît évident, puisque en cas de poursuite du programme de construction les issues seraient identiques. Ou comment deux maires, l’un sous pavillon PS, l’autre EÉLV, peuvent s’embourber sur des questions sociales et écologiques.