[Vidéo hommage] Décès de l’urgentiste Eric Loupiac
Le médecin urgentiste Eric Loupiac fait partie des victimes du virus COVID-19. Il est le dixième soignant à avoir laissé sa vie pour avoir soigné des malades COVID sans les protections nécessaires. Un choc terrible pour ses proches, ses collègues et toutes les personnes qui l’avaient connu.
Il était très engagé pour la sauvegarde du service public et plus particulièrement pour la ligne SMUR de Lons-Le-Saunier. Il était présent pendant les manifestations contre la politique du gouvernent concernant la santé.
« Pourquoi manque-t-on de médecins? » lançait-t-il lors de la manifestation du 29 septembre à Lons-Le-Saunier. « Il y a un an, nous n’avions pas de probleme, il y en avait d’autres [médecins] qui devaient nous rejoindre et ils nous ont pas rejoint. Pourquoi? Pour la bonne raison que […] la direction de l’hôpital et la direction de l’ARS ont donné des bien mauvais signaux. Quels sont ces signaux qu’ils ont donné? Eh bien, un médecin de chez nous, voit son contrat non-renouvelé alors qu’il en a fait la demande. Il va donc quitter l’hôpital. Alors, si on met dehors des gens qui veulent rester, c’est facile de manquer de médecins. Et si on commence à dire, attention, vous ne serez pas renouvelés, on se rend compte rapidement que les autres vont dire, je viens pas dans un établissement qui met les gens dehors [..] Et c’est comme ça que l’on creuse le déficit. A partir du moment ou on créé le dysfonctionnement après on a bon jeu de dire « ben vous voyez, on a plus de personnel, on peut pas faire autrement que de fermer ». Cette technique on la connaît, quand on veut fermer un service public, on commence déjà par le faire dysfonctionner, après on dit, vous voyez on y arrive pas, eh bien on le ferme. Et qui subit les conséquences? Certes les travailleurs, certes les personnels, mais aussi les patients, c’est à dire vous tous, la population. C’est à dire que nous tous nous subissons les conséquences de cette politique »
Une intervention très appréciée par ses collègues mais surtout par les manifestant.e.s qui s’étaient rendu.e.s devant les urgences du CHU de Lons-Le-Saunier pour soutenir les blouses blanches contre la politique du gouvernement.
Le docteur Eric Loupiac était très apprécié par l’ensemble de la profession. Il était syndicaliste CGT et avait activement milité pour la défense du service de réanimation de la 2e ligne de SMUR de Lons-Le-Saunier.
Le premier à avoir informé le public du décès de l’urgentiste, c’était un confrère. L’urgentiste Patrick Pellux:
Je suis aux regrets de vous annoncer le décès dû au coronavirus de mon ami et confrère urgentiste le Dr Eric Loupiac des urgences et du SMUR de #LonsleSonnier. Il était un homme merveilleux,un grand médecin. Je pense à sa famille et l’ #amuf dont il était membre est bouleversée.
— Patrick Pelloux (@PatrickPelloux) April 23, 2020
L’AMUF – Asso des Médecins Urgentistes de France a fait très rapidement un communiqué ou elle s’émeut du décès de leur collègue médecin reconnu et unanimement apprécié
Communiqué de l’@AMUFAMUF1 et @SUdF_Officiel pic.twitter.com/kS0BM2unRb
— AMUF – Asso des Médecins Urgentistes de France (@AMUFAMUF1) April 23, 2020
Philippe Poncet, le président de l’association des malades de la Bronchopneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) régit au micro de France 3 et dénonce le « résultat d’une défaillance politique absolue et aussi de la suffisance d’une bureaucratie française irresponsable et qui plombe totalement la réactivité du système sanitaire depuis des années. Le Dr Loupiac, comme ses collègues, demandait des moyens pour sauver des vies. Il ne les a jamais obtenus« .
Son épouse, Claire Loupiac est en colère et explique au micro de France Bleu qu' »il savait qu’il y avait un manque de moyens de protection, qu’il était mal protégé et qu’il courrait un risque. [..] ça fait plus d’un an qu’il se battait pour l’hôpital public qui voyait les conditions de travail se dégrader, le manque d’effectif médical et paramédical, le nombre de lits fermés. Il me disait on court une catastrophe. » Elle a décidé de porter plainte contre l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté, contre la direction de l’hôpital, contre le ministre de la santé Olivier Véran et sa prédécesseure Agnes Buzin.
Nous l’avions rencontré le 29 septembre 2019, lors d’une manifestation devant les urgences du CHU de Lons-Le-Saunier. Pour lui rendre hommage, nous publions l’intégralité de son intervention, ce jour là: https://www.youtube.com/watch?v=6NIgu7FTkTY