2 mois de prison avec sursis pour les reporters de Radio BIP et Factuel
La décision vient de tomber. La juge l’a rendue plus tard dans la journée de lundi, 16 mars. Alors que l’ensemble du pays se préparait au confinement, à Besançon, le TGI continuait les délibérés. Le verdict est tombé : pour l’agresseur 200€ d’amende. Pas d’élément aggravant pour son état d’ébriété sur la voie publique, ni de prise en compte de son sursis en cours – dont le dernier a engendré des dommages corporels – pas de prise en compte de son casier judiciaire déjà bien fourni.
Alex, reporter de Radio BIP qui faisait son travail sur le terrain, casier vierge, jamais un seul souci avec la justice: 2 mois de prison avec sursis. Même condamnation pour Toufik, correspondant de presse de Factuel.info et même peine pour le manifestant Gilet Jaune qui s’est interposé quand l’agresseur revenait à la charge. Le tout assorti de 5 ans de mise à l’épreuve.
C’est exactement ce que les rédactions Factuel.Info et Radio BIP redoutaient. Une justice qui élimine tout contexte. Un procès à charge contre les reporters qui ont dû se défendre devant un homme violent qui les agressait, gratuitement, dans la rue. Un homme qui a reçu un message clair de la justice française : frapper gratuitement, en état d’ébriété, malgré un casier, malgré un sursis en cours, coûte seulement 200€ . Moins qu’un PV de stationnement majoré. Frapper un journaliste (d’un média indépendant) sur son lieu travail, coûte uniquement la somme de 200€.
Une décision qui laisse perplexe. On peut facilement se poser la question de cette volonté de criminaliser le reporter ayant essayé de se défendre. On leur reproche « d’être restés » sur place, « alors que le passant leur invectivait », à coup de poings (ndrl) , »de partir ». Un passant en état d’ébriété à qui la justice donne donc, l’autorité d’évincer des journalistes dans l’espace public à coup de poings. On les a jugés pour « violences aggravées en réunion ». Repousser l’agresseur, qui n’arrêtait pas de revenir à la charge et qui n’arrêtait pas de frapper à tout va ( dont une jeune femme du groupe des manifestant.e.s) est devenu « violences en réunion ». On parle de bleus sur l’agresseur, mais on a oublié de prendre en considération l’arrestation plus que musclée.
Le contexte a été, de façon délibérée, oublié. Les témoignages des passants, des propriétaires des boutiques sur les quais qui ont vu toute la scène, n’on pas convaincu non plus. La pétition, signée par plus de 1000 personnes (dont la présidente de la Région de Bourgogne Franche-Comté, Edwy Plenel, l’ensemble des syndicats de presse) a été elle aussi écartée. Il faut dire, que la juge avait commencé le procès en invectivant fortement les reporters. Même la procureure de la République avait demandé moins de peine pour Alex ( 60h de travaux d’intérêt général). La décision finale sera donc de 2 mois avec sursis pour violences en réunion.
Les reporters vont essayer, malgré la quarantaine, de faire appel. Il faut dire que la décision en plein confinement a aidé à ce que cette affaire soit enterrée dans l’actualité du Coronavirus. La rédaction Radio BIP reste évidement solidaire des reporters.
Pour finir, voici à nouveau la vidéo de cette situation complètement ubuesque.