27 mai, c’était à nouveau une journée de lutte pour une partie des bisontins. En cause, la visite de Mme. Myriam El Khomri, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Radio BIP était sur place. Voici le récit de cette journée, vécue par notre journaliste.
15:30 heures – Je sors de la rédaction, direction Palente. Je suis à pied, donc, évidement, je tente de prendre un bus. Manque de bol, la ligne qui dessert cette zone est en « perturbation ». L’heure tourne. La mobilisation commence à partir de 16:30. Il est 16h et j’ai pas encore de bus. J’appelle un taxi, mais on me dit que j’ai une attente de plus de 30 min. Ça n’arrange pas mes affaires.
16:16 – Un bus qui dessert ce quartier, arrive enfin. Je me pose des questions car la ligne est censée arriver devant les anciens locaux de l’usine LIP (actuellement occupés par la Boutique de Gestion de Franche-Comté, une association qui a comme but d’aider les entreprises en création à se lancer). Je suis presque certaine que cela ne peut pas être possible. Et en effet, arrivé à Orchamps, le conducteur du bus lance un cri pour annoncer à tout le monde que sa trajectoire change.
Du coup, je descends devant le lycée Pergaud et je commence à marcher. Des voitures de police stationnent à chaque coin de rue.
Tout à fait normal pour la visite d’un ministre, mais j’ai tendance à croire que le dispositif est renforcé.
Et j’ai raison de le croire, car l’accès au bâtiment est totalement bloqué. Il y a des officiers un peu partout, même dans les quartiers avoisinants. Une chose est sure, le service de sécurité fait bien son travail à Besançon.
16:30 – Je suis devant le bowling. C’est la que tous les manifestants de l’intersyndicale et du comité de lutte de Besançon se sont donné rendez-vous. L’accès reste bloqué par une compagnie de gendarmes. J’ai des échos « Ils arrivent de Rennes« . Je veux en avoir le cœur net et je leur pose la question. Réponse ferme: nous sommes de la région.
17:00 – La manifestation commence réellement. Je suis seule, donc je dois faire plusieurs choses à la fois: prendre des photos, prendre du son, filmer. J’ai le sentiment d’être un « homme orchestre ». Il ne me manque plus que le pigeon sur l’épaule et c’est bon. D’ailleurs j’ai gagné le titre de « reportrice de guerre » vu l’arsenal que je porte. Peu importe comment c’est dit, j’apprécie quand-même. Cependant, le tout, pèse assez lourd pour mes pauvres épaules. C’est une guerre pour moi aussi … pas seulement pour les manifestants.
Il fait chaud mais cela ne gêne pas les manifestants. Ils donnent de plus en plus de voix. « El Khomri t’es foutue, la jeunesse est dans la rue » ou « Aujourd’hui dans la rue, demain on continue » et bien d’autres. Les pancartes contre la loi travail semblent être de plus en plus nombreuses au fur à mesure que de nouveaux manifestants arrivent sur place.
Il se trouve que je n’ai pas d’accréditation. On s’y est pris un peu tard pour la demande et le ministère était assez strict sur la distribution des pass presse. Un comité de représentants des syndicats devait être reçu par la ministre du travail. Je souhaite les suivre, mais sans l’accréditation, il est impossible de passer.
Je parle avec les syndicats et on m’aide un peu. Je suis mise en contact avec la personne qui s’occupe des médias (entre autres) à la Préfecture. Un peu d’attente et me voila passée derrière la barrière des gendarmes, ou on me donne un pass presse. Je remercie le service, car c’était un peu de notre faute et du coup je peux couvrir l’événement, depuis l’intérieur aussi.
Je retourne voir les manifestants. Il fait chaud et les allées-venues entre l’endroit de la visite officielle et les manifestants deviennent épuisantes.
Les manifestants crient leur colère de plus en plus fort. Ils ont préparé un feu avec des pneus pour attirer l’attention – de loin – à la ministre. Et ça marche, on peut voir la fumée depuis le bâtiment de la visite officielle. Ça donne même une sensation bizarre comme si le bâtiment était en feu
Les manifestants ont préparé une « mob ». J’entends un coup de sifflet et une partie des manifestants tombent par terre. Sur les pancartes on peut voir « La loi travail m’a tuer » ou « J’étais si heureux au travail que j’ai fini par me suicider: Je m’appelle Fabienne Godefroy , Olivier Guedon, Benoit Violier, Sandra Kach, Gregory Girards, Myriam Sakri, Laurent, Eric, Mireille, Gwenael, Remy, Jeanlouis, Yannic ».
Un communiqué sera lu plus tard par des membres du comité de lutte de Besançon (aussi connus pour organiser les Nuits Debout).