Comprendre la montée de l’extrême droite pour mieux y résister : tel est l’enjeu de la conférence organisée par l’Institut La Boétie le 13 février à Besançon. Intitulée « Extrême droite : la résistible ascension », elle fait écho à l’ouvrage collectif du même nom, publié en septembre 2024 aux éditions Amsterdam. Cet événement réunira des intervenantes expertes et engagées :
![« Extrême droite : la résistible ascension » – Un livre, une conférence à Besançon](https://radiobip.fr/site/wp-content/uploads/2025/02/boetie-930x530_c.png)
« Extrême droite : la résistible ascension » – Un livre, une conférence à Besançon
Fanny Gallot, historienne spécialisée dans l’histoire des mouvements féministes et des luttes sociales, co-responsable du département d’histoire de l’Institut La Boétie.
Nadège Abomangoli, députée LFI-NFP de la 10e circonscription de Seine-Saint-Denis, vice-présidente de l’Assemblée nationale, engagée dans la lutte contre les discriminations et pour la justice sociale.
Emma Audrey, journaliste grand reporter, spécialiste des droits humains, autrice de documentaires et ayant notamment couvert la guerre en Ukraine.
Séverine Véziès, directrice de publication et co-rédactrice en cheffe du Journal de l’insoumission, militante active de La France Insoumise, investie dans les luttes politiques locales et nationales.
Cette rencontre s’inscrit dans une tournée nationale de présentation du livre, déjà forte de soixante-dix rendez-vous. Parmi ces événements, des rencontres sont organisées dans plusieurs villes de France, illustrant l’ampleur de la mobilisation autour de cet ouvrage. À titre d’exemple, la tournée se poursuivra à Montluçon le 7 mars 2025, où Cassandre Begous et Vincent Berthelier animeront une conférence destinée à approfondir la réflexion et à renforcer les dynamiques d’action contre la montée de l’extrême droite.
Un ouvrage pour comprendre et combattre
Depuis sa publication, le livre a suscité un vif intérêt au-delà des cercles militants. L’Institut La Boétie a également produit des ressources complémentaires, telles qu’une émission dédiée disponible sur YouTube, où les auteurs et autrices prolongent les réflexions de l’ouvrage en débat public.
« Extrême droite : la résistible ascension » n’est pas un simple diagnostic de la montée de l’extrême droite. Il s’agit d’un manuel d’autodéfense intellectuelle, conçu pour armer celles et ceux qui refusent de céder à la fatalité d’une extrême droite prétendument irrésistible. Dirigé par le sociologue Ugo Palheta, spécialiste des dynamiques du fascisme et de l’extrême droite en France, auteur de La possibilité du fascisme (2018) et La nouvelle internationale fasciste (2020), préfacé par l’historien Johann Chapoutot, et postfacé par Clémence Guetté, co-présidente de l’Institut La Boétie, l’ouvrage réunit 18 contributions de sociologues, philosophes, historien·nes, économistes, politistes et journalistes, spécialistes des dynamiques d’extrême-droitisation.
Le livre démonte les mécanismes qui favorisent la progression de l’extrême droite, en analysant les dynamiques électorales, la convergence avec la droite libérale, ainsi que les nouveaux combats culturels qui infiltrent l’espace médiatique et les imaginaires collectifs. Il est disponible à l’achat directement sur le site des éditions Amsterdam. Il met en lumière les réseaux sur lesquels l’extrême droite s’appuie pour gagner en influence, s’appuyant sur des analyses croisées de chercheur·es tels que Marlène Benquet, Vincent Berthelier ou Didier Fassin, qui apportent des perspectives complémentaires sur les liens entre pouvoir économique, médias et idéologies réactionnaires, soulignant l’importance de déconstruire ses discours et de contrecarrer sa normalisation.
Capitalisme et extrême droite : des logiques de domination communes
L’analyse portée par le livre souligne des convergences idéologiques entre capitalisme et extrême droite. Tous deux promeuvent des normes sociales dominantes, qu’il s’agisse de l’économie de marché ou de l’ordre patriarcal et identitaire. L’extrême droite s’appuie sur des méthodes de stigmatisation et d’exclusion pour imposer sa vision de la société, tandis que le capitalisme néolibéral marginalise toute alternative au dogme du marché.
Ce parallèle est illustré par des exemples concrets : la banalisation des discours d’extrême droite par des figures de la Macronie, la convergence des intérêts entre les politiques néolibérales et les propositions du Rassemblement National, ou encore l’instrumentalisation de la question sociale par l’extrême droite pour masquer son véritable agenda, profondément antisocial.
L’union populaire : une stratégie de résistance
Face à cette offensive idéologique, l’ouvrage défend une réponse clé : l’union populaire. Loin d’être un simple mot d’ordre, cette stratégie vise à rassembler les forces démocratiques et sociales autour d’une dynamique de rupture avec les logiques de division et de repli identitaire. Loin de se réduire à un simple slogan, cette démarche s’appuie sur des convictions fortes, refusant toute compromission avec l’extrême droite, que ce soit à travers des alliances politiques ou des glissements idéologiques. L’objectif est de fédérer des forces issues des luttes sociales, écologiques et démocratiques, en unissant les classes populaires sans céder aux tentations de la division.
La conférence de Besançon sera l’occasion de discuter de ces enjeux, d’échanger sur les stratégies à adopter et de renforcer les liens entre celles et ceux qui refusent de voir l’histoire se répéter. Comme le rappelle l’Institut La Boétie, l’ascension de l’extrême droite est résistible, à condition de s’organiser, de comprendre ses mécanismes et de rester vigilant.
Rendez-vous le jeudi 13 février à 20h, salle Gustave Courbet, 2 rue Mégevand, 25000 Besançon.