Besançon confinée, la révolte prends de l’ampleur
Petits commerçants et artisans, établissements scolaires, milieu hospitalier… à la veille d’une « journée noire » demain mardi, la défiance n’a de cesse de s’étendre et de se durcir dans la capitale comtoise. Syndicats, partis, et associations, viennent de rejoindre la fronde ce samedi, où plusieurs centaines de protestataires défilaient. Face aux mesures décrétées pour juguler l’épidémie, actions symboliques, appels à la grève, et démonstrations de force, se multiplient depuis une semaine.
Les T.P.E. dans l’œil du cyclone.
Durant le premier confinement du 17 mars au 11 mai 2020, la population accusait le coup mais s’était révélée globalement coopérative. Avec la « seconde vague » du virus et l’annonce de restrictions équivalentes en vigueur depuis le 30 octobre, cette fois c’est un vent d’indignation qui s’est fait entendre. Les responsables d’entreprises les plus modestes ont tapé du poing sur la table, avec en tête les restaurateurs, commerçants, artisans, libraires, et autres petits exploitants.
Pour beaucoup d’entre eux, la nouvelle fermeture de leur boîte apparaît comme une condamnation. Malgré des aides financières et alternatives telles que la vente à emporter ou à distance, les rentrées ne leur permettent plus de tenir. Pour certains déjà fragiles ces dernières années, cet été leur fut fatal ; d’autres alertent sur un sort similaire à venir avec ce remake, et n’hésitent plus à laisser exploser leur colère… quelques-uns allant jusqu’à ouvrir illégalement leur enseigne.
Dans la région, les politiques se sont emparés de la question. Comment concilier impératifs sanitaires et économiques ? Plusieurs maires dont Anne Vignot ont ainsi affichés des positions fermes le 31 octobre, affirmant qu’ils signeraient des arrêtés d’extension d’ouverture les jours suivants si rien ne bougeait. Depuis, la situation locale demeure inchangée. Mais avec la grogne qui se généralise, le gouvernement a lâché du leste… suffisamment pour éteindre l’incendie ?
Établissements scolaires et blouses blanches ne sont pas en reste.
Dans les salles de cours aussi, l’exaspération atteint des sommets depuis la reprise du 2 novembre dernier. Étudiants, enseignants, et personnels, expriment leur vif mécontentement quant aux protocoles jugés inapplicables dans ces circonstances. Le lycée Pasteur du centre-ville a été sommairement bloqué mardi suivit par Pergaud à l’est avec un important sit-in vendredi, et alors que des grèves ont été signalées y compris au collège comme celui de Diderot-Planoise.
Une journée « noire » se prépare pour demain mardi, avec des perturbations significatives massivement portées par les professeurs et les élèves et un point de ralliement commun fixé à 14h00 au Rectorat. Autre épicentre de la crise, le C.H.R.U. Minjoz et ses 7 200 agents. Directement confrontés à l’afflux et la prise en charge des patients, les revendications concernant les moyens humains et matériels restent récurrentes et se sont largement poursuivies de mai à octobre.
Outre le rappel aux Autorités du rôle déterminent de ce service public, les principaux concernés espéraient surtout faire prendre conscience d’un épuisement réel des individus qui ne pourrait plus se poursuivre. Visiblement peu entendus, leur direction a validé la suppression de vingt-huit lits en septembre dernier. Alors que le « plan blanc » vient d’être activé, congés, repos, et R.T.T., seront impactés. Le climat délétère et explosif pourrait donc se détériorer.
« Ils comptent leurs sous, et nous nos morts. »
Syndicats de travailleurs du public et du privé (C.G.T., S.U.D./Solidaires, F.S.U., représentants F.O.), partis et organisations politiques (France insoumise, parti de Gauche, Lutte ouvrière, N.P.A., Ensemble !, Fédération anarchiste), associations (A.C. ! agir contre le chômage, A.T.T.A.C., Confédération nationale du logement, SolMiRé, C.D.D.L.E.), et acteurs divers (entrepreneurs, professions libérales, gilets jaunes, autonomes) se sont engouffrés dans la brèche.
Investissements et recrutements dans le système de santé et d’éducation, absence de considération pour les plus précaires, mise en danger des salariés pour « faire tourner la machine », et dans le même temps restriction des libertés de circulation et de réunion, et étouffement des T.P.E./P.M.E., autant de raisons et de leitmotiv permettant la tenue d’une manifestation ce samedi, finalement autorisée par la Préfecture qui redoutait autrement que le cortège n’ait quand même lieu.
Entre 400 et 700 participants ont battu le pavé selon la police ou les organisateurs, au moins cinq-cent d’après nos estimations. Prises de parole, pancartes, et slogans, mettaient en cause une politique sanitaire et sociale jugée désastreuse et que tous craignent voir perdurer. Un succès numérique et critique notable dans ce contexte, qui permet aux porte-paroles de prévoir d’autres événements dans les prochaines semaines. Le début d’un mouvement de fond ?