Manifestation contre le cirque Zavatta
Samedi, 25 novembre, journée de lutte contre les violences faites aux femmes, a été aussi pour quelques heures, une journée de lutte contre la souffrance animale pour des bisontin.e.s et l’association Humanimo. Devant le cirque Zavatta, installé illégalement (d’après la Police Municipale) sur la friche de la Rhodia, l’association a manifesté contre la souffrance animale perpétrée par les circassiens.
Oui aux cirques, non aux cirques avec animaux
Alors que plusieurs pays de l’Union Européenne, dont la Belgique, ont légiféré contre l’utilisation des animaux dans les cirques pour des raisons évidentes de souffrance animale, la France, une fois de plus, joue le mauvais élève sur ce dossier.
Histoire des cirques
Pour mieux comprendre l’apparition des animaux dans les cirques , il faut aller plus loin dans l’histoire. Pendant la période romaine, l’attraction principale des cirques était le combat et la course avec des chars. Les animaux étaient quant à eux, limités aux chevaux et chiens. Plus tard, le cirque « moderne » a introduit des animaux « exotiques » pour attirer les foules.
Le cirque « moderne » fait son apparition vers 1770 en Angleterre, ou les numéros étaient composés d’exercices de force, de clowns, de l’équitation et de dressage. Vers 1835, le cirque ambulant fait son apparition, en complément des cirques stables, ouverts seulement pendant l’hiver.
Le cirque, tél qu’on le connaît aujourd’hui avec un chapiteau géant et une piste, fait son apparition vers 1871 aux Etats-Unis. Alors qu’en Amérique, le cirque était géré par un « business-man » et en partenariat avec des Zoos pour le dressage des animaux, en Europe, le cirque restait une affaire familiale en transmettant la passion circassienne de génération en génération.
Le cirque contemporain a émergé comme une nécessité d’évolution. Beaucoup de changements dans les performances, une dramaturgie différente, un spectacle à part entier et dans la plupart des cas, l’arrêt net de l’utilisation des animaux.
Une souffrance animale terrible pour les besoin d’un cirque
Alors que sur la piste, les cirques qui utilisent les animaux affichent un spectacle strass et paillettes, derrière le décor, une souffrance infligée aux animaux. Tout commence au moment de l’introduction d’un animal dans le circuit. Pour les éléphants le processus est particulièrement douloureux. La première étape est le dressage et ceci consiste dans la soumission totale de l’animal. Son dressage dure entre 2 et 3 ans et le processus se base sur la domination. Le dresseur s’impose en dominant du groupe et maintient la subordination de l’éléphant par le biais de la punition physique et psychologique. Extrait de son habitat naturel, l’éléphant est enchaîné de façon systématique. L’enchaînement est primordial pour le dominer et l’habituer à des mouvements contre-nature. Il sera enchaîné systématiquement pour créer des réflexes et il ne sera alors abreuvé et nourri qu’une fois attaché. Cette méthode de coercition est couramment utilisée en France.
Ensuite, apprendre à un éléphant à se coucher, c’est lui apprendre une position « contre-nature ». Cette position étant une mise à découvert de l’animal qui ne peut alors plus se défendre. Il est donc nécessaire d’utiliser des câbles ou des cordes pour imposer cette position à l’éléphant.
« Des tests ont montré que chez un mâle asiatique mesurant 2,90 mètre au garrot et pesant 4,2 tonnes, le poids est réparti sur la surface de contact avec le sol de telle sorte que chaque centimètre carré ne supporte qu’une pression de 600 g». Le poids conjugué de la nuque, de la tête, de la trompe et des défenses sur les membres antérieurs rend par conséquent très difficiles les descentes. Les éléphants se laissent donc glisser. La position du poirier est une posture très dommageable pour les articulations, tout le poids de l’animal étant concentré sur ses deux pieds avant.
Les Dr Helmut Pechlaner et Harald Schwammer considèrent que « Ces positions peuvent causer des blessures aux articulations et aux disques intervertébraux des éléphants adultes, ainsi que des fissures dans les ongles. Quant aux exercices d’équilibre, ils peuvent être à l’origine de dérangements moteurs dans les articulations du coude et du genou » (2)
L’ensemble des animaux d’un cirque doivent passer par un processus de dressage forcé qui se trouve être encore plus difficile pour certaines espèces.
Le transport
La France vient de passer une loi qui oblige les circassiens à’offrir des espaces de minimum 7m2 par animal, les éléphants doivent être attachés par des chaînes matelassées ou avoir accès au minimum une heure par jour aux installations extérieures (minimum de 250 m² pour trois animaux maximum) et les otaries et lions de mer doivent bénéficier de piscines intérieures et extérieures. C’est largement impossible de se plier à ces obligations pour une grande partie des cirques itinérants. Le transport est traumatisant pour les animaux, qui se voient placés dans des petites cages tout le long du voyage.
La mort assurée
Alors que la plupart des cirques assurent que le bien-être des animaux est bien préservé, la mort des animaux ne semble pas faire partie de cette équation. Dernièrement, le « Buffalo Circus », connu pour ses numéros avec animaux, met en scène un numéro avec un lion mâle de 220 kg qui devait passer entre les jambes du dompteur en sortant. Mais il lui a saisi la jambe puis lui a sauté à la gorge. Le dompteur Steeve Loberot est grièvement blessé et sans l’intervention de son épouse, il aurait pu être tué. Il s’en sort en extremis et expliquera plus tard que c’était « la saison des amours, ils sont énervés. » Après cet incident, le lion va être rapidement euthanasié par les services compétents. « Il a attaqué. Il a montré qu’il nous dominait. On ne peut plus travailler avec lui », a tout simplement expliqué le Buffalo Circus.
Une mort assurée aussi pour la tigresse Mevy, qui s’était échappée de l’enclos du cirque Bormann-Moreno la semaine dernière. La directrice du cirque expliquera qu’elle ne pouvait pas attendre les services vétérinaires pour l’endormir, il a fallu faire un choix rapide et le choix était de l’abattre.
Alors que l’ensemble des associations de défense animale s’insurgent contre ces cirques avec animaux, à chaque manifestation les circassiens montrent les dents. Le mois de juillet, ils étaient filmés lors d’une manifestation contre le cirque Bouglione
A Besançon
Et c’est pour cette même raison qu’à Besançon, une vingtaine de policiers étaient présents lors de la manifestation contre le cirque avec animaux. Une manifestation qui à du s’organiser très rapidement, car le cirque n’était pas attendu dans notre ville. Et pour cause, l’administration a fait une demande d’expulsion auprès du tribunal de grande instance. Cependant, la Préfecture et la Mairie tout en affirmant que le cirque était installé illégalement, ont laissé les spectacles se dérouler normalement. Sur le site de l’Est Républicain, on peut voir l’annonce qui informe sur les horaires des trois représentations du cirque.
Arsene Cagniac, directeur du cirque Zavatta fils affirmait pour l’Est Républicain « Chacun est libre de penser ce qu’il veut, mais leurs revendications sont fausses. Depuis huit générations, nous avons des animaux (tigres, lions, zèbres, chameaux). Nous les considérons comme des membres de notre famille. Nous les élevons et les soignons avec beaucoup d’attention, d’ailleurs ils se reproduisent, c’est la preuve qu’ils ne sont pas si malheureux. Les cirques sans animaux ça ne marche pas ! Concernant notre présence, la ville de Besançon n’accepte pas les cirques. C’est la seule ville où l’on pose problème. À Belfort, Montbéliard, partout ailleurs nous sommes les bienvenus. Ils doivent avoir un avis d’expulsion qu’ils n’ont pas obtenu, j’ai rendez-vous lundi matin au tribunal pour solutionner cette affaire. Mais nos représentations auront lieu ce week-end ».
Les circassiens ont tenu à intervenir auprès des manifestant.e.s en utilisant le camion de promotion, garé pour l’occasion juste devant la manifestation, avec le son au maximum. Quelques personnes du cirque sont même venues invectiver les manifestant.e.s .
A Besançon, les cirques peuvent s’installer seulement sur le parc de Micropolis. Une règle pas vraiment suivie dans ce cas de figure. L’action aurait duré environ une heure, dans le calme, sans empêcher les spectateurs d’accéder aux représentations. Pour les manifestant.e.s, c’était une opération réussie, car malgré la précipitation, les bisontin.e.s sont désormais au courant.