Jeudi 5 décembre, à Paris, plusieurs centaines de paysans et militants de la Confédération paysanne se sont rassemblés devant le Grand Palais pour dénoncer l’ouverture de l’Agro Paris Bourse, une bourse européenne dédiée au commerce des céréales. Cette manifestation pacifique visait à « critiquer un système accusé de spéculer sur les matières premières agricoles, aggravant les inégalités et appauvrissant les producteurs au Nord comme au Sud.«
Cependant, la mobilisation a été marquée par des tensions avec les forces de l’ordre. Cinq militants ont été interpellés, dont un paysan-boulanger de Haute-Saône. Deux d’entre eux étaient encore en garde à vue ce vendredi matin – indique un communiqué de soutiens – et devraient comparaître en procédure immédiate, une situation qui suscite l’indignation des syndicats agricoles.
Une répression jugée « inacceptable »
Dans un communiqué, des soutiens de la Confédération paysanne ont dénoncé une répression « intolérable ». « Ce deux poids, deux mesures vis-à-vis des mobilisations agricoles est choquant, (…) pointe la tolérance de l’État envers d’autres formes de contestation, notamment des actions de dégradation et d’intimidation.»
La critique pointe également la validation récente par la Commission européenne de l’accord du MERCOSUR, un traité de libre-échange accusé de menacer les agriculteurs européens tout en favorisant une agriculture intensive et peu respectueuse de l’environnement dans les pays d’Amérique du Sud.
Un appel à la mobilisation
En réponse aux arrestations, des rassemblements sont organisés ce vendredi devant plusieurs préfectures en France. À Besançon, un rassemblement s’est tenu à 12h30, samedi 7 décembre, devant la préfecture. Les manifestants ont demandé à être reçus par le préfet et appelé les citoyens et organisations syndicales à soutenir leur démarche.
« En visant les vrais responsables de la crise agricole, la Confédération paysanne est violemment réprimée, tandis que l’État détourne le regard sur d’autres actions démagogiques », ajoute le communiqué.
Une crise agricole persistante
La crise agricole dénoncée par la Confédération paysanne s’enracine dans des années de politiques favorisant le libre-échange et la financiarisation des marchés agricoles. « C’est le monde à l’envers », déplore le syndicat, qui estime que « les institutions européennes et internationales continuent de privilégier les intérêts des grandes entreprises au détriment des producteurs locaux.«