Références néonazies, labels antisémites, paroles suprématistes… à Montbéliard, la programmation du « Sequane Fest » fait polémique
Le « Sequane Fest » à Montbéliard, c’est une institution de la scène rock et metal en Franche-Comté. Mais au sein même de ce milieu, des voix s’élèvent pour en dénoncer certaines dérives… elles veulent ainsi faire savoir haut et fort que les tendances ultranationalistes ne passeraient désormais plus, alertant sur des problématiques observées à propos des neuf groupes programmés les 30 septembre et 1er octobre prochains. Références néonazies, labels antisémites, paroles suprématistes, en sont autant d’illustrations, de fait et de proximités. Alors que les démêlés du genre se multiplient, organisateurs, lieux d’accueil et municipalités ont encore du mal à anticiper et gérer le sujet.
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Neuf groupes passés au crible.
Lors de cette treizième édition du « Sequane Fest » à Montbéliard, quelques neuf groupes français et internationaux ont été conviés pour l’occasion. On y retrouve par exemple « Exutoire », formation récente dont l’une des vedettes est le guitariste-chanteur « Apathy » Mais au-delà de l’univers purement musical, le jeune homme diffuse également des références bien plus politiquement tranchées : tee-shirt étalant explicitement la croix gammée, promotion du dessinateur d’extrême-droite Marsault, ou reprise des emblèmes de « Burzum » fondé par le criminel néonazi Varg Vikernes, ont été aisément retrouvés par nos soins sur les réseaux sociaux. Serait-ce l’arbre qui cache la forêt ?
C’est ce qu’a vérifié une coordination de passionnés, réunie autour du « Collectif anti-NSBM de Franche-Comté. » NSBM c’est pour « National-Socialist Black-Metal », une branche spécifique de ce genre qui allie l’amour de la scène et l’apologie du IIIe Reich. Depuis la controverse autour de « Taake » fin août à Paris, professionnels et fans veulent que leurs voix soient entendues. « Malheureusement, certaines institutions font encore la sourde oreille. Si il est rare que des dérapages directs soient relevés lors de productions grand public, faire monter un artiste qui prône l’élimination de prétendues races jugées inférieures le reste du temps est inadmissible » assène un des militants contacté.
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Un ancien label « Treblinka Productions. »
Dans un recueil publié par le « Collectif Antifasciste de Besançon », les têtes d’affiche sont ainsi passées au crible. On y prend connaissance des publications du chanteur de « Heinous » incluant l’insigne de la 33e division SS Charlemagne, le passage de trois membres de « Wiskey Ritual » dans un groupe qui s’était essayé au label « Treblinka Productions », ou que « Eggs of Gomorrh » et « The Satan’s Scourge » se sont produit pour le très connoté « Never Surrender Fest. » Au final selon le document, ces griefs exposent à des degrés divers la quasi-totalité de la programmation. L’association la « Horde Sequane », gestionnaire de l’événement, pouvait-elle ignorer le curriculum vitae de l’ensemble de ses invités ?
Une absence de contrôle, que le « Collectif anti-NSBM » déplore : « Des personnes dénoncent tout cela sans pour autant mettre le Black Metal à la poubelle… ils sont le nouveau souffle que nous attendions ! dès les origines, l’extrême droite, ses thématiques et ses symboles se sont immiscés dans ce genre de musique. Essentialiser les individus ou les styles, se cacher derrière une telle provocation, un certain apolitisme ou une passion pour l’histoire, sont des stratégies réactionnaires, conservatrices et destructrices. » La Ville de Montbéliard ainsi que « l’Atelier des Môles » nous a renvoyé à la responsabilité des organisateurs, lesquels n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations.
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