Pass sanitaire : 1 500 manifestants à Besançon
Ils étaient environ 1 500 selon nos estimations, 2 000 pour les organisateurs. Après avoir fait tremblé le festival « livres dans la Boucle », le cortège en est resté à un défilé bon enfant dans le centre-ville. Mais si ce samedi bien des téméraires ont continué à battre le pavé contre la gestion de crise sanitaire, la perte numérique est consommée. Alors que ce socle n’a rien perdu de son opiniâtreté, les passerelles attendues notamment avec la situation des soignants ne se sont pas dessinées. Ce sont pourtant des centaines d’agents qui pourraient être concernés par une éventuelle suspension, uniquement à Besançon. Sur ce front social, syndicats et partis politiques s’investissent timidement. Mais aussi quelques organisations nationalistes, traditionalistes, et conspirationnistes.
Un casus belli qui ne vint pas.
Place de la Révolution à 14h00, la foule se masse étroitement le long de la rue des Boucheries. En effet le site est en grande partie occupé par le salon annuel « livres dans la Boucle », événement littéraire majeur dans la région. Alors que son entrée nécessite la présentation du fameux sésame tant décrié, les Autorités ont jusqu’au bout redoutées des frictions. En effet le 21 septembre 2019, les « gilets jaunes » n’avaient pas hésité à envahir le festival… alors que les « Instants Gourmands », promenade Granvelle, ont subi le même sort trois semaines plus tôt. Un contingent policier est resté disponible, malgré le renforcement de la sécurité interne. Mais, finalement, aucunes échauffourées à signaler, si ce n’est quelques huées en direction de l’encadrement.
C’est sur une marche en direction du centre historique que le défilé à fixé son attention, avec une première halte au CLS Bellevaux quai de Strasbourg. « Une façon de se montrer solidaire du personnel et des patients » commente une jeune protestataire. Le reste de la journée fut assez classique : trajet dans le cœur de ville, allocutions place du Huit septembre, et terminus rue Charles Nodier… devant un cordon de policier, le tout agrémenté d’une troupe musicale et d’un sound system. Puis d’une dispersion, amorcée sous les coups de 17h30. Le monde médical s’est résumé à quelques apparitions, certains exhibant leur spécialité comme une psychologue ou leur cursus à l’instar d’une infirmière affirmant près de trente années d’ancienneté à Jean-Minjoz.
« Hier applaudies, aujourd’hui suspendues. »
Actualité brûlante donc, le sort des quelques 7 150 agents des hôpitaux de Besançon. Dés mercredi dernier, tout salarié du secteur ne pouvant démontrer l’admission d’au moins une dose encourrait une sanction pouvant aller jusqu’à une suspension de deux mois. Si un rassemblement a permis de concentrer environ 800 soutiens, le personnel directement visé semble peu pugnace et encore moins actif dans la rue. Selon nos sources, c’est pourtant jusqu’à 10% des effectifs qui pourrait être concerné. Les entretiens disciplinaires se sont multipliés, selon les sections SUD, FO, et CGT. Fred Vuillaume indique : « plusieurs professionnels ont déjà été convoqués, le plus souvent sans être assistés et lors d’une entrevue assez expéditive. Ce qui se passe est un scandale ! »
Militants syndicaux et politiques sont pointés du doigt pour leur « délaissement » de ce mouvement, même si certains d’entre eux s’avèrent impliqués depuis le 14 juillet. Solidaires, par exemple, n’a cessé d’être dans les rangs, tout en faisant des propositions concrètes comme ce 18 septembre à travers des tracts. « L’accueil fut excellent, c’est bien que notre place est ici à bâtir et échanger avec les opposants » abonde un vieil encarté. Force Ouvrière, la CGT, la Confédération Nationale du Travail, ainsi que la Fédération Anarchiste, Lutte Ouvrière, ou encore dernièrement la France Insoumise, comprennent elles aussi des référents dans ce registre. Tous espèrent appuyer sur le volet social, et conscientiser aux convergences à venir contre les diverses réformes annoncées.
Une frange « ultra » qui subsiste.
Les illustrations « réactionnaires » sont également apparues plus ostensibles ce samedi. Ainsi, plusieurs activistes se sont évertués à recouvrir le mobilier urbain d’affiches et d’autocollants aux relents clairement complotistes. Tous émanent de cercles constitués, en particulier « Réinfo covid 25 », « la rose blanche », ou encore « le grand réveil. » Ils sont notamment apparents dans les cortèges à travers des visuels portés à même le corps, sur des banderoles, ou durant des prises de parole. Contestation de l’existence du coronavirus, hostilité aux principes et aux modalités de la vaccination, comparaisons de la situation avec une « dictature », sont autant de leitmotiv assumés par leurs partisans. Lesquels tentent d’abreuver les autres participants de leurs supports.
Un groupe d’une vingtaine de personnes s’est aussi distingué, s’agissant de sympathisants de l’organisation les « Patriotes » de Florian Philippot. Déjà remarqué aux éditions précédentes par une pancarte au nom du parti, cette fois l’opération marketing fut tacite : un membre portait une casquette affublée du « WWG1WGA » en support à l’ex-président Trump, un autre aux sensibilités royalistes arborait une fleur de lys tricolore, quand une dernière brandissait une pancarte « c’est un génocide ! – l’armée avec nous. » Enfin, plus disséminés, les catholiques traditionalistes demeurent toutefois mobilisés : plusieurs fidèles, et même des ecclésiastiques, issus des fraternités Saint-Pierre et Saint-Pie X, ainsi que de paroisses du Haut-Doubs, étant désormais des habitués.