LGBT et Palestine : à Besançon, la cause commune des Droits Humains
Ils étaient plusieurs centaines à avoir participé à deux marches revendicatives, ce samedi à Besançon. La première s’élevait contre les discriminations visant les LGBTQIA+, alors que la seconde entendait se montrer solidaire du peuple palestinien. Malgré le spectre parisien et une pluie incessante, les événements ont fait carton plein sans le moindre accroc. Et en milieu d’après-midi, c’est presque naturellement que les drapeaux arc-en-ciel et panarabes se sont mêlés.
« Nous ne devons plus avoir peur. »
Si la date n’est pas inédite, elle était attendue. Depuis plusieurs années, la volonté d’une « pride » comtoise est discutée ça et là. Associations et Municipalité ont donc œuvré à la coordination de plusieurs événements en ce sens, dévoilés à l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Alors qu’Anne Vignot doit inaugurer un des passages piéton arc-en-ciel prévus ce lundi, le week-end était quant à lui bien consacré à la démonstration de rue.
Une véritable marche des fiertés, que les exactions et menaces de l’extrême-droite à Dijon et Lyon ne pouvaient troubler. « La vigilance a été renforcée, sans atteindre notre détermination » précise un organisateur. Parc Micaud à 14h30, environ trois-cent personnes se sont rassemblées. Figures et militants sont bien sur là, mais aussi beaucoup de jeunes. « C’est cool de voir autant de lycéens et d’étudiants. Ça montre une avancée des consciences » précise Léa, participante.
Plusieurs prise de parole soulignent les avancées en la matière mais aussi le chemin important qu’il reste à parcourir, selon les mots de LGBTA Nouvel Esprit, le Refuge, ou encore Amnesty International. Le cortège finit par s’élancer malgré les trombes d’eau, les couleurs des parapluies, des quelques pancartes, et d’une large banderole de tête « tous les genres sont dans la culture », tranchant avec la grisaille. « Nous ne devons plus avoir peur » assène un quarantenaire.
Le Proche-Orient en lumière.
Actualité oblige, l’autre mobilisation du jour s’était soudainement glissée dans l’agenda. La situation palestinienne est régulièrement évoquée par l’AFPS, institution locale qui poursuivait encore son travail de sensibilisation ces dernières semaines. Mais le 6 mai dernier des protestations ont éclatées à Jérusalem-Est suite à de nouvelles expulsions palestiniennes, avant d’embraser toute la région. Une vague d’indignation a dés lors traversé le globe, et en particulier l’Europe.
Un des initiateurs du rassemblement développe : « La mobilisation est forte, en France comme ailleurs. Au-delà d’un relais fraternel, c’est aussi un message adressé à nos pouvoirs publics. La situation relève de leur responsabilité, car ils peuvent tout à fait agir en faveur du respect du droit international auprès de leurs partenaires. À l’instar de l’Afrique du Sud avec l’apartheid, chacun peut contribuer à l’abandon de pratiques intolérables telles que la colonisation et les crimes de guerre. »
L’occasion de rappeler la situation ancienne et complexe à l’origine de cette poudrière, ce que s’évertuera J.M. pendant environ une heure. Mais aussi d’esquisser des revendications concrètes, comme la suspension du jumelage entre Besançon et Hadera en Israël déjà portée depuis plusieurs mois. Quelques 350 auditeurs étaient là d’après nos estimations, avec là encore des briscards politiques et syndicaux mais aussi beaucoup de 18-25 ans et de familles.
Convergence place du Huit septembre.
Ils sont venus de toute la Franche-Comté, mais d’autres n’ont pas hésité à pousser davantage le déplacement. Ainsi des bisontins se sont retrouvés à Paris pour l’occasion, quand un couple affirme avoir fait le chemin inverse depuis la Capitale jusqu’ici suite à l’interdiction préfectorale. « Sur place tout s’est bien passé avec les Autorités, il faut redire qu’il n’y a jamais eu de problèmes. Pourtant, régulièrement, la question se pose : qu’en sera t-il demain ? » s’inquiète un orateur.
Les rangs se regonfleront peu après 15h00, lorsque le premier défilé s’imbrique au second place du Huit septembre. Deux causes à priori différentes, mais un objectif visiblement commun : les droits humains. Si pour certains les annonces officieuses et ports de keffieh dés le parc Micaud plaident pour une transcendance réfléchie, d’autres y voient une alliance spontanée. Reste que pour Tania, « c’est très touchant de voir une telle cohésion à Besançon. »
Si le débat ne portait pas initialement sur le sujet, la plupart des discussions entendues s’y sont néanmoins attachées avec une unanimité : alors que les droits LGBT restent très précaires en Cisjordanie comme dans la Bande de Gaza, l’action de l’État d’Israël dans le domaine est parfois définie comme relevant du « pinkwashing. » Après une courte manifestation recentrée sur les enjeux du moment, la journée s’est achevée par des chants, danses, et youyous.