Le 17 Novembre 2019, Amaury Salles, notre collègue reporter était empêché de filmer une intervention policière par une personne en civil, munie d’un parapluie bleu. Nous allions apprendre par la suite qu’il s’agissait de Michel Klein, le nouveau patron des policiers du Doubs. Un directeur de police qui interpellait notre collègue ainsi : « Allé, toi tu dégages avec ta merde là… » en bloquant avec son parapluie la caméra et le micro de notre collègue. (voir vidéo plus bas)
Après cette mésaventure, notre collègue se faisait arrêter par les gendarmes mobiles, à la demande du directeur de police, pour avoir « masqué son visage dans une manifestation ». Un délit passable d’un an de prison et 15 000€ d’amende. Il a été relâché quelques minutes après, mais son équipement EPI a été confisqué. Le problème dans cette interpellation réside dans l’interprétation d’une loi qui a été promulguée initialement pour lutter contre « les casseurs » en manifestation qui masquent leur visage pour éviter d’être identifiés. Une loi qui ne peut pas être utilisée pour arrêter des journalistes qui utilisent des masques à gaz lors des interventions policières, car il ne s’agit pas d’une volonté de dissimulation de visage, mais bien de l’utilisation d’un « ÉPI » (équipement de protection individuelle) qui permet de travailler avec un minimum de sûreté. De plus, notre collègue reporter est bien connu des services de police pour avoir été contrôlé à plusieurs reprises et même embarqué au commissariat de police pour vérification d’identité.
Suite à cette interpellation, le 19 novembre, Amaury Salles était convoqué au commissariat de police de Besançon, pour une « audition libre ». Plus de 40 personnes s’étaient réunies devant le commissariat pour soutenir le reporter de terrain. Il est sorti 1h plus tard accompagné de son avocat, maître Fabien Stucklé, sous les applaudissements des personnes présentes.
Et c’est 27 novembre que le procureur a finalement décidé de classer l’affaire car « l’infraction n’était pas caractérisée ». Le matériel confisqué lors de l’interpellation (le masque à gaz et les lunettes de protection) ont été restitués à notre rédaction et au final, aucune suite ne sera donnée à cette affaire.