Rassemblement devant le tribunal pour SOL-MI-RE
Article mis à jour : 08/01/17 – 13:12
Mardi 09 janvier, des personnes du collectif Solidarité-Migrants-Réfugiés (Sol-Mi-Ré) sont convoquées devant le juge pour avoir occupé un espace vacant, rue d’Arènes pour les besoins des personnes exilées à la rue. Un lieu vacant depuis 2 ans, qui est administré par la société SAIEMB dont la Ville de Besançon est l’actionnaire majoritaire.
Le Bol d’Air
Nous avons rencontré les initiateurs de ce projet en été 2017. Ils nous parlaient déjà à l’époque des recours auprès de la mairie pour avoir un local, sans succès. Dans le collectif, des militant.e.s qui sont sur le terrain tous les jours avec un seul souci, mettre à l’abri des personnes exilées arrivées à Besançon.
Leur mission n’a jamais été facile. Sous pression permanente – administration, police – les membres du collectif ont fait le travail, tout ce temps, à la place de l’Etat. Alors que l’opinion publique est divisée par un nombre important de messages xénophobes et anti-immigration, il se trouve que les personnes qui se retrouvent dans la rue, sont en France légalement. Cela veut dire, que la majorité sont en attente de traitement de leur dossier auprès de la préfecture. Un aspect très souvent oublié et occulté. Un droit légal qui n’est ni plus ni moins qu’un droit humain, qui d’ailleurs figure dans la « déclaration des droits de l’Homme ».
De façon systématique, la préfecture est mise en cause par les militants, pour le mauvais traitement des nouveaux arrivants. La peur de « l’appel d’air » était le mot d’ordre pendant les élections présidentielles et législatives, quand nous avons pu interviewer des candidats. Un « appel d’air » dénoncé par Emmanuel Macron dans son discours devant les préfets octobre 2017, quand il attirait aussi l’attention sur la mauvaise gestion de l’accueil des personnes exilées. Le nom de Bol d’Air est d’ailleurs aussi un clin d’œil contre cette expression dénuée d’humanité.
Alors que l’Etat ne rempli pas sa mission d’accueil digne des personnes arrivées en France, des militant.e.s excédé.e.s on du prendre le relais. Et ceci, pas seulement par militantisme, mais par urgence. Nous avons pu remarquer combien ils étaient démunis devant la détresse des personnes avec enfants se trouvant dans la rue sans solution d’hébergement d’urgence.
La création d’un espace qui a comme mission de répondre aux besoins les plus basiques des nouveaux arrivants se trouvant à la rue: douche, quelques repas un espace pour les enfants, était l’urgence absolue dans une ville qui comporte plus de 2400 logements vides. Suite aux refus de l’administration de trouver une solution pour ces personnes ou d’un espace pour leurs besoins, le collectif Sol-Mi-Ré a investi un espace vide depuis 2 ans.
Le Bol d’Air était leur rêve depuis quelque temps. En suivant ces militant.e.s sur le terrain nous avons pu les voir dans les parcs, parkings, dans les coins reculés de Besançon (pour éviter que la police, sous les ordres de la Préfecture, menacent les personnes à la rue et leur confisque leurs tentes et affaires) en train d’aider ces personnes exilées avec leur dossier de demande d’asile, en apportant de la nourriture, des couvertures, des tentes, des médicaments. Plus d’une fois nous avons été témoins des larmes de ces militant.e.s. Du bonheur quand les personnes à la rue trouvent un hébergement, mais aussi de la tristesse quand elles sont expulsées et renvoyées dans leur pays d’origine ou malmenées par la police.
Une demande d’expulsion, au nom de 4 particuliers
L’endroit trouvé par le collectif répond pleinement à ces besoins vitaux des personnes à la rue. Avant le premier constat d’huissier sur les lieux, la discussion était engagée entre le collectif, la Mairie et SAIEMB. Une solution semblait avoir été trouvée, de façon temporaire, en mettant en place un bail précaire. Car si le collectif occupe les lieux, ça n’est pas pour autant qu’ils souhaitent être en illégalité. Un financement solidaire devait se mettre en place pour soutenir un loyer mensuel.
Cependant, le ton a changé et le PV de l’huissier fait désormais état d’un montant exorbitant : condamnation solidaire de 150€/jour, condamnation de 565.60€ mensuels à partir du 14/10/2017 et jusqu’à évacuation (1696.8€) , 50€ frais de saisine de justice + coût du pv de l’huissier, 288.09€ coût de l’assignation. On parle de plus de 3000€ pour des personnes qui ont déjà fait des efforts financiers pour aider les personnes à la rue. Outre le caractère inhumain de cette demande de condamnation, l’acte a été signifié aux personnes se trouvant sur place au moment du constat, donc pas au nom du collectif.
Le 12 décembre 2017, suite à la rencontre avec le juge, l’audience a été reportée pour le 9 janvier 2018.
La Ville de Besançon « soutient la SAIEMB »
Dans un communiqué envoyé dans la foulée, la Ville de Besançon se défend en expliquant que « le collectif Solidarité Migrants Réfugiés, a procédé à l’occupation illégale d’un local commercial [..] Cette occupation sans titre » ayant été « effectuée sans aucune concertation ou accord vis-à-vis du propriétaire, la Saiemb engendrant un problème de sécurité, de responsabilité et tout simplement, un problème de droit ». La Ville de Besançon dénonce le choix du collectif de forcer les portes du local et trouve cela « inacceptable ».
Un communiqué pour expliquer aussi, que « ce local ne sert pas de lieu d’hébergement la nuit, pour les migrants. Il est utilisé uniquement comme accueil de jour par l’association Sol Mi Ré. » Tout en expliquant que « d’autres solutions d’accueil de jour existent et qu’elles sont coordonnées par les services de la Préfecture ». La Ville de Besançon, indique dans ce même communiqué que « l’association Sol Mi Ré doit aider les familles à se faire connaître auprès de la Préfecture afin d’être admises en accueil de jour et être hébergées dans les structures prévues à cet effet »
Soutient pour SOL MI RE de la part des partis politiques
Pour une fois, le parti EELV et FI de Besançon se retrouvent sur la même ligne. Dans un communiqué en date du 7 décembre, les écologistes titrent « Encore une gifle aux droits de l’homme dans la ville berceau de Victor Hugo ». Ils apportent leur soutien au collectif « SolMiRé » et condamne la demande d’expulsion du local Bol d’R. Ils demandent « aux administrateurs de la SAIEMB, dont fait partie Monsieur le Maire jean-Louis Fousseret, membre du parti de la République En Marche, comment pensent-ils mettre en application la déclaration dur Président de la République qui disait le 28 juillet 2017 – « Je en veux plus d’ici la fin de l’année avoir des gommes et des femmes dans les rues, dans les bois. Je veux partout des hébergements d’urgence »? Sans doute pas avec des telles méthodes » expliquent en fin de communiqué ( voir le communiqué )
La France Insoumise a réagit aussi. Ils expliquent dans un communiqué qu’en « raison des carences de l’Etat et des autorités locales dans l’accueil des familles demandeuses d’asile, -celles-ci se retrouvant à la rue et sans prise en charge pendant plusieurs mois dans l’attente de pouvoir déposer leur dossier d’asile en préfecture -, le collectif SOLMIRE a réquisitionné, depuis le 12 octobre 2017, un local vacant ». Ils considèrent la « réponse administrative brutale et lâche quand des jeunes enfants, des femmes enceintes, des personnes malades et fragilisées par l’exil, par dizaines sont contrainte de survivre dans des conditions inhumaines, en plein hiver, dans le déni de tout droit à la dignité. »
Le PCF, par la voix de Thibaut Bize, ont fait état de leur solidarité envers le collectif, message exprimé lors du conseil municipal du 9 décembre. Ils avaient contacté le président de la SAIMEB, et lui avaient fait part de leur volonté de « mettre toute l’énergie afin de trouver une solution pour que ce collectif puisse continuer à faire le travail qu’il fait en lieu et place de pouvoir publics qui ne le font pas pour l’instant «