Samedi 5 novembre à Besançon, plusieurs organisations qui militent pour les droits du peuple kurde, ont manifesté contre la répression que la population kurde subit en ce moment en Turquie. La mise en détention de façons arbitraire, le 4 novembre, des deux co-présidents du HDP, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, ainsi que 9 autres députés, a généré une vague de manifestations partout dans le monde. En France les collectifs et associations pro kurdes ont manifesté dans plusieurs grandes villes.
Mieux comprendre : Situation globale, synthese historique
Le peuple kurde s’étend, comme illustré sur la carte, sur plusieurs régions: Turquie, Syrie, Irak et Iran. À peu près la moitié des Kurdes vivent en Turquie. Ils représentent 18 % des 76 millions d’habitants du pays, soit environ 15 millions. D’autres estimations varient entre 8 a 10 millions. La majorité des Kurdes vit au Kurdistan turc, dans le Sud-Est du pays.
Malgré l’opposition ferme des turques , les Kurdes n’ont cessés de vouloir créer un état autonome.
En 1920, le traité de Sèvres stipula la création d’un état kurde autonome mais le traité de Lausanne, qui lui fit suite en 1923, ne fit aucune mention des Kurdes. En 1925 et 1930, des révoltes kurdes furent réprimées par la force par le gouvernement turc de l’époque. À la suite de ces événements, l’existence d’une ethnie distincte kurde en Turquie fut officiellement niée et toute expression par les Kurdes de leur identité ethnique fut durement réprimée. Jusqu’en 1991, l’usage de la langue kurde — bien que largement répandu — fut interdit.
Jusqu’en 1991, les kurdes de Turquie étaient appelles les « turcs des montagnes ». Les mots « kurdes » , « Kurdistan », et « kurde » étaient officiellement bannis par le gouvernement Turque.
Cette répression a continué jusqu’à nos jours sous différentes formes. Suite à l’action menée par les différents gouvernements turcs à l’encontre de la population kurde, plusieurs formes de lutte se sont développées. La lutte armée, avec la création en 1984 d’une organisation politique et militaire sous le nom de PKK – Le Parti des travailleurs du Kurdistan, à ce jour considérée comme organisation terroriste. A présent les revendications d’indépendance du PKK se sont muées en demandes d’autonomie culturelle au sein d’un système fédéral plus large, d’amnistie pour les rebelles qui leur garantisse leur participation à la vie politique, et la libération de son leader Abdullah Öcalan détenu sur l’île-prison d’İmralı au nord-ouest de la Turquie depuis 1999.
Le PKK évolue désormais sur plusieurs zones du Kurdistan et se fait remarquer surtout pour les récentes campagnes militaires à succès – aux cotés des YPG et YPJ – les Unités de protection du peuple – contre Daech.
Le parti politique HDP
Le parti HDP est une coalition de plusieurs formations politiques (33 associations et groupes) et de sept partis politiques. Il a été officiellement créée lors du congrès de fondation tenu le 27 octobre 2013.
C’est un parti décrit comme étant « LE parti pro-kurde » par l’ensemble des médias français. Cependant, il est surtout l’expression de la pluralité et de la démocratie dans un pays qui est en phase de devenir une dictature. C’est un parti qui défend des valeurs de « travail, d’égalité, de liberté, de paix et de justice », en opposition aux « forces racistes, nationalistes, militaristes, sexistes, conservatrices et mercantiles ». Il reconnaît la place de tout groupe ou individu quelles que soient sa « langue, sa religion, sa couleur, sa race ou sa différence sexuelle », en particulier des « travailleurs, des ouvriers, des paysans, des petits commerçants, des retraités, des femmes, des jeunes, des intellectuels, des artistes, des personnes LGBT, des handicapés, des opprimés et des exploités » « de quelques nation, langue, ethnicité qu’ils fussent » dans un monde « équitable, libre, humain et juste ».
Tout ceci entre de facto en opposition totale avec la politique du gouvernement Erdogan.