DERNIÈRE MINUTE: Témoignage d’Inès Hatira , élue de la BAF présente au CA lors de l’intervention de la Police
Le 14 février, la Police Nationale intervenait à la demande de la Présidence de l’Université de Franche-Comté, pour déloger de façon agressive, les étudiants entrés pour manifester contre la tenue du CA. Une élue de la BAF membre du CA, était présente dans la salle. Elle a vécu cette intervention policière, de façon traumatisante. En pleurs à la sortie, elle nous a confié que tout allait bien, pour l’ensemble des personnes, avant l’arrivée de la Police.
Des retours d’autres membres du CA attestent de la même chose. Sous la vidéo de l’intervention postée sur le Facebook de Radio BIP, nous avons pu retrouver plusieurs commentaires du même type.
Suite au communiqué de la Présidence de l’Université de Franche-Comté, la BAF (« Besançon et ses Associations Fédérées » – fédération des associations étudiantes de Franche-Comté) a rendu publique son propre communiqué. Comme on pouvait s’y attendre, on y retrouve une version, à peine modifiée du communiqué de la présidence.
A la rédaction, nous avons reçu le témoignage d’Inès, seule personne de la BAF présente sur place:
« Inès Hatira élue au Conseil d’administration sur la liste de la BAF (Fédération des associations étudiantes de Franche-Comté)
Ce mardi 14 février, je suis arrivée à la maison de l’Université avec un autre membre du CA (de la même liste) pour assister au Conseil d’Administration de l’Université.
Nous sommes entrés et nous nous sommes dirigés vers la salle du CA. Nous avons entendu le bruit de la porte principale et avons reculé pour voir ce qui se passait. C’est là que nous avons vu le groupe des 19 étudiants qui entraient en courant.
Nous les avons laissé passer et sommes montés derrière eux. En arrivant devant la salle, l’autre membre du CA s’est éclipsé. Devant la salle du CA, j’ai vu un membre du personnel de la Maison de l’Université, qui empêchait l’entrée des étudiants dans la salle du CA, il était devant la porte et tentait de bloquer l’accès à la salle aux 19, ils ont réussi à le pousser et ils ont forcé la porte pour entrer.
Concernant les masques : Certains avaient des foulards sur le nez et d’autres des masques à l’effigie du Président de l’Université. Ils sont entrés dans la salle et sont restés dans leurs coin. Certains étudiants étaient véhéments, mais se sont calmés et ont enlevé leurs masques. A ce moment-là je n’ai vu aucune violence physique.
L’élu AMEB Solidaires Etudiant-es a lu le communiqué du groupe dans le CA et a dit qu’il souhaitait le relire devant le Président de l’Université pour faire entendre leurs revendications. Les étudiants se sont ensuite servi du café et ont sorti des brioches qu’ils avaient amené.
Ils ont mis des chaises devant la porte du couloir menant à la salle du CA et ont bloqué la porte qui menait aux escaliers et aux bureaux. Mais la porte de la salle du CA est restée grande ouverte.
L’ambiance à l’intérieur était détendue, calme, tout le monde discutait, tout le monde pouvait bouger, les membres du CA étaient libres de leurs mouvements et travaillaient sur leurs téléphones et leurs ordinateurs sans aucun problème. L’élu AMEB n’a pas arrêté de rappeler le caractère non-violent de l’action et a indiqué que l’occupation du CA par toutes ces personnes avait pour but de faire entendre leurs revendications.
A un moment donné, dans la salle, je les ai entendu dire qu’ils souhaitaient rencontrer le Président. Puis, apprenant que les policiers étaient là, ils ont demandé à sortir tous ensemble et avec les membres du CA et à ne pas se faire arrêter pour leur action non violente. Les policiers ont refusé une sortie collective, et ont demandé à ce qu’ils sortent un par un.
Les étudiants ont refusé car ils étaient venus tous ensemble et ne voulaient pas de distinction entre les différents participants à l’action. Quand ils ont senti que les policiers arrivaient, les étudiants ont mis deux ou trois chaises devant l’entrée de secours pour les ralentir mais sans plus. A un moment donné, Pablo (élu AMEB Solidaires Etudiant-es) a senti que les policiers allaient entrer en action et a distribué des consignes à appliquer en cas de Garde à vue : Le droit de voir un médecin et un avocat et de rester calme et poli avec la Police.
Quelques minutes après, le premier groupe de policiers fait irruption par la porte de secours et les étudiants se sont alors mis en groupe contre le mur en se tenant les uns les autres. Les policiers les ont encerclés et les ont sortis un par un. J’ai vu des étudiants plaqués par terre, menottés, des filles qui criaient, certains d’entre eux se sont fait trainer au sol. J’ai trouvé l’interpellation choquante, particulièrement le fait que des étudiants se fassent embarquer d’une manière aussi violente. Une élue CA a crié aux policiers d’arrêter, qu’ils ne savaient même pas pourquoi les étudiants étaient là.
Mon ressenti : Personnellement, je n’approuve pas la manière d’action des étudiants, mais je suis d’accord avec leurs revendications. On peut discuter de l’efficacité du dispositif mais je ne peux pas accepter qu’une interruption du CA débouche sur des violences policières (19 arrestations et des étudiants de mon âge en garde à vue).
Pendant que les étudiants étaient là, à aucun moment je ne me suis sentie « séquestrée » je n’ai vu aucune violence morale ou physique de leur part . Tout le monde discutait calmement, sans violence et ceux qui ne discutaient pas restaient dans leur coin et criaient des slogans et leurs revendications par la fenêtre. Tous les membres du CA présents, pouvaient eux aussi se déplacer et discuter librement dans la salle.
Le seul moment où je me suis sentie choquée, où j’ai tremblé, où j’ai eu peur, c’est quand la Police est intervenue : De voir des étudiants, des jeunes de mon âge, traités de cette façon, a été pour moi d’une grande violence.
J’ai été témoin de leur sortie de garde à vue et j’ai pu encore plus me rendre compte de ce qu’ils ont pu ressentir pendant leur arrestation et pendant leurs horribles dernières 24 heures.
«
A l’heure de publication de cet article, nous n’avons pas plus de détails sur l’enquête en cours. Plus de détails, à venir.