Urgence sanitaire. Près de 200 vaches condamnées à mort
La fondation Brigitte Bardot, la SPA et l’association HUMANIMO tirent le signal d’alarme. Il y a une semaine on parlait de 350 animaux, il en restent moins de 220 et sur ceux restants, seulement un petite partie serait en bonne santé.
Le manque de nourriture et de moyens, en plus des tracas administratifs, seraient à la base de cette situation. Pierre Nicod, le propriétaire, semble être complètement dépassé par les événements et accuse l’Etat pour cette maltraitance animale. Au micro de France 3, il explique : « Les bêtes elles tombent parce qu’elles n’on plus de protéines. Elles marchent qu’à la paille et au foin. On a vécu 4 ans sans vendre une vache. Comment vous voulez faire tourner l’exploitation sans vendre les produits de la ferme? » Il serait victime d’un complot d’Etat. Un problème de « passeport » – la « carte d’identité des animaux » empêcherait le propriétaire de les vendre, « ou de les bouger ».
Cependant, cette situation n’est pas nouvelle. Cela fait quelques années que cet agriculteur rencontre des difficultés. Une grande partie des vaches n’étaient plus suivies au niveau sanitaire depuis 2013. L’état des vaches a été portée à l’attention des autorités par des personnes militantes seulement fin 2017 quand leur situation était déjà catastrophique.
Et pour cause, la fondation Bardot et la SPA ont alerté depuis le 30 novembre les autorités. En urgence, la fondation a proposé le 7 décembre à la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Population) de récupérer l’ensemble du cheptel.
Un département en crise FCO
Un arrêté du 16 novembre 2017 mettait le département du Doubs en zone réglementée FCO. Un cas de fièvre catarrhale ovine stéréotype 4 a été détectée et confirmée le 6 novembre sur un veau provenant d’une exploitation du nord de la Haute-Savoie. Conséquence, une zone de restriction, protection et surveillance a été mise en place sur plus de 150km. Cela implique une vaccination gratuite et obligatoire des animaux des espèces sensibles. Cette situation semblerait compliquer d’avantage le déplacement des animaux. Cependant, la transmission aux autres animaux se ferait par les moucherons piqueurs du genre Culicoïdes … autant dire qu’il n’y a pas vraiment de risque en hiver.
Le 11 décembre, le Tribunal de Grande Instance de Besançon « a rendu un jugement ordonnant que les animaux soient confiés à la DDCSPPD (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations du Doubs). Celle-ci autorise à faire procéder à l’euthanasie des bovins dont l’état de souffrance physiologique est manifeste ou à l’abattage des bovins dont l’état sanitaire le permet et enfin, à isoler ceux qui, au terme d’un processus de vérification sanitaire, paraîtront sains. Ainsi, les animaux ayant encore une valeur bouchère seront cédés à titre onéreux en vue de leur abattage », informe la Préfecture du Doubs dans un communiqué. Et « les animaux qui partiront à l’abattoir sous laissez-passer feront l’objet d’une inspection approfondie ». Enfin, comme leur dispersion sur le territoire « représenterait un risque sanitaire pour l’élevage local, un seul site d’accueil a été retenu. Il permettra l’isolement et la surveillance renforcée de ces animaux le temps de faire les dépistages de maladies réglementées et les vaccinations obligatoires ».
Un coup de poignard dans dans le dos pour la fondation Brigitte Bardot
Le problème se pose désormais sur la réelle volonté des autorités à sauver les animaux. A ce stade, sur les 220 vaches qui devaient être prises en charge par la fondation Brigitte Bardot, seulement 50 seront transférées à l’association. Une autre partie serait tout simplement envoyée à l’abattage. C’est exactement ce point qui ne convient pas aux associations, qui voudraient, après cette longue période de souffrance des animaux, leur offrir une vie meilleure.
« C’est un coup de poignard dans le dos », nous explique Christophe Marie, porte parole de la fondation. « La Préfecture du Doubs avait donné l’impression qu’il avait moyen de sauver l’ensemble du cheptel et deux jours après on nous annonce que nous ne pouvons prendre en charge qu’une petite partie, le reste étant envoyé à l’abattoir ».
La fondation a du remuer ciel et terre pour trouver des emplacements viables pour la quarantaine obligatoire pour ces animaux. « Nous avons l’habitude avec ce genre de sauvetage, c’est pas la première fois. Nous avions réuni l’ensemble des conditions sanitaires ». C’était une mission difficile, car il a fallu trouver des bâtiments vides pour que tout risque de contamination, en cas d’infection d’un des animaux, puisse être écarté. Et pour cela la fondation a du faire appel à la solidarité dans le Doubs. Plusieurs endroits étaient prêts à accueillir dans de bonnes conditions l’ensemble des troupeaux. Mais cela n’a pas suffi pour les autorités. La décisions prise a été annoncée aujourd’hui (13 décembre) d’après les militants, « c’est certainement la pression des éleveurs qui ne voulaient pas créer un précédent ou des associations de défense des animaux récupèrent un cheptel entier des mains d’un agriculteur qui maltraite ses animaux ».
Jeudi 14 décembre, des marchands semblent être conviés à se rendre sur les lieux pour une distribution d’une partie des animaux (n.d.l.r. : nous ne savons pas à ce stade si elle donnera lieu à une transaction financière, ou pas et nous n’avons pas pu faire confirmer cette info par la Préfecture) . Les 50 vaches restantes pourraient être récupérées par la fondation Brigitte Bardot seulement le vendredi 15 décembre.
Suite à cette évolution de la situation, les représentants de la fondation nous ont confié souhaiter interpeller le Préfet du Doubs dans la soirée, pour ensuite contacter le ministère de l’agriculture.
De notre coté, nous n’avons pas pu avoir plus de précisions de la part du service de communication de la Préfecture concernant la mise à mort des vaches restantes, car « il n’y a pas plus de communication officielle mis à part le communiqué », nous a-t’on informé par téléphone.
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