11 septembre 2017 Share

Échec de l’Etat Français à Metz

Le 9 Septembre 2017, un appel à manifester dans les rues de Metz était lancé par plusieurs collectifs et associations: le collectif Mosellan de lutte contre la misère, la France Insoumise de Meurthe et Moselle , le NPA, l’association « Le Soleil de Blida », des militants et bénévoles actifs et des personnes indignées par les conditions d’accueil des personnes migrantes.

Une manifestation qui a rassemblé environ 120 personnes. Trop peu, d’après une partie des militants, assez pour marquer le coup pour Chantal Muszynski – membre du collectif Mosellan de lutte contre la misère. « C’était important de dire qu’il y a encore des personnes qui résistent à l’indifférence générale pour ce sujet ».

Le camp de Blida, est un camp géré par l’Etat, nous explique Sandrine Worms, militante et bénévole active de la première heure. Un camp qui était censé être temporaire. « Mais du coté de l’administration, « il n’est pas question d’accompagnement social, car c’est une situation transitoire », déclarait Anoutchka Chabeau, directrice de la cohésion sociale de la Moselle au micro des journalistes au mois de juillet.

Alors que la situation semble empirer et que les besoins vitaux se font ressentir de plus en plus, l’Etat semble perdre le contrôle de la situation.

La députée France Insoumise Caroline Fiat, a essayé à son tour de bouger les lignes. Sans véritable succès. Après son passage dans le camp début d’année, le Préfet semblait se féliciter des certaines améliorations apportées. Il n’en était rien d’après les bénévoles sur place.

La presse interdite d’accès

De façon assez inédite, la société gérante du camp , ADOMA, société réquisitionnée par la Préfecture, interdit désormais l’accès au camp aux journalistes et à certains bénévoles. Nous avons été nous aussi refusés de façon catégorique. Même la députée Caroline Fiat s’est vu refuser l’accès quand elle était accompagnée par des journalistes.

Cependant, les vidéos ne manquent pas de fleurir sur internet. Et l’indignation ne fait qu’augmenter à chaque nouvelle publication.

Pourquoi cette situation ?

Alors que pendant l’hiver le camp est vidé et l’ensemble des personnes sont hébergées, le camp est rouvert et rempli à nouveau, dès que la période hivernale prend fin.

La députée a sa petite idée. Elle déclarait au micro de BFMTV : « J’ai entendu quelque chose qui m’horripile. Si on ne les garde pas pendant l’été, cela serait pour ne pas leur donner l’habitude d’être bien reçu. Il faudrait plutôt leur donner envie de partir. »

Ce fameux « appel d’air » qui est sur la bouche de la plupart des préfets de France. Et pourtant, le 5 septembre, Emmanuel Macron, exigeait des Préfets de mieux accueillir les migrants :

« Nous accueillons mal … en ne garantissant pas rapidement une mise à l’abri ou un hébergement aux migrants. Il en résulte des situations indignes de notre pays et de sa tradition d’accueil qui ne dissuadent en aucun cas les migrants de chercher un refuge en France et qui sont dangereuses pour la cohésion sociale, car elles nourrissent la xénophobie. Longtemps, je le sais, le dogme a été de dire, laissons faire la queue pendant des matins et des matins pluvieux à celles et ceux qui viennent demander l’asile, ça va les décourager. […] Mais (celui) qui a traversé l’Afrique et la Méditerranée, qui revient d’Afghanistan, n’est pas découragé par les matins à la Préfecture [..] On peut continuer très longtemps, ça ne marche pas … »

Quelle solution à Metz ?

« Dans une ville ou il y a 8000 logements vides, dans une ville où il y a des centaines de places libres dans des casernes, il est absolument inadmissible que des gens croupissent dehors » lance Eric Graff, porte parole du collectif Mosellan de lutte contre la misère.

« Trop de demandes » s’en défend Anoutchka Chabeau, directrice de la cohésion sociale de la Moselle. « Avec 4 800 demandeurs d’asile actuellement hébergés, notre dispositif est saturé ».

Cependant, les militants font un calcul simple: on arrive à les héberger pendant l’hiver … donc, on peut les héberger toute l’année.

Pour aggraver les choses, une convention a été mise en place entre la société ADOMA et les collectifs et associations de bénévoles. Une convention qui ne fait pas l’unanimité, du fait de l’obligation d’une certaine complicité avec la police, qui rappelle des tristes temps, nous explique une bénévole non affiliée aux associations signataires. Alors qu’une petite partie des associations ont signé cette convention (dont nous n’avons pas réussi à avoir le texte intégral ) l’autre partie se sent lésée et insultée par cette demande. « Nous avons besoin d’accéder à tout moment pour aider les familles » nous indiquent des bénévoles non signataires de la convention. »Il faut rappeler que l’ensemble des besoins de ces personnes dans le camp ne sont assurés que par les dons des bénévoles ».

Et les besoins sont urgents: chaussures, couches, vêtements d’hiver, produits hygiéniques de première nécessité, fournitures scolaires – cahiers, stylos, cartables, des matelas (car certaines personnes dorment sur du carton), etc … Une urgence humanitaire qui ne cesse d’empirer.

« Pour rappel , en France, selon l’Insee, contrairement aux boniments annonçant un « grand remplacement », seuls 6 % des habitants sont de nationalité étrangère. « La contribution des immigrés à l’économie est supérieure à ce qu’ils reçoivent en termes de prestations sociales ou de dépenses publiques », assurait, en septembre 2015, Jean-Christophe Dumont, chef de la division chargée des migrations internationales à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) » – L’Humanité,  8 fév 2017

Voir le reportage vidéo de la manifestation

 

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