Doxing, harcèlement en masse, menaces de mort : Toufik de Planoise ciblé par l’extrême droite
Cela fait déjà 4 jours que Toufik de Planoise reçoit des milliers de messages d’insultes, de menaces de mort et de doxing. Cela a commencé avec une vidéo postée par une jeune membre du collectif « Nemesis », collectif raciste, xenophobe, islamophobe, où l’on voit Toufik de Planoise arracher quelques affiches qui venaient d’être collées par les membres du collectif. Sur l’affiche on pouvait voir la photo de Thomas, le lycéen de 16 ans – assassiné dans la nuit du 18 au 19 novembre d’un un coup de couteau, lors d’une fête de village – avec la mention « Tué par des barbares ». L’agression, vu que certains des assaillants auraient été identifiés comme venant du quartier de la Monnaie, est vue par l’extrême droite comme « une nouvelle preuve de l’ensauvagement de la société française ».
La récupération de ce genre de situation dramatique par l’extrême droite, n’est absolument pas nouvelle. Chaque fois qu’une agression est perpétrée par des personnes qui seraient identifiées par la galaxie de l’extrême droite comme n’étant pas « français de souche » (expression utilisée par l’extrême droite pour exprimer une idéologie xénophobe), l’affaire est mise en exergue et utilisée pour promouvoir une idéologie raciste et xénophobe. De plus les familles demandent toujours de ne pas utiliser la mort de leurs proches, comme la famille de Lola qui a demandé d’arrêter d’utiliser «le nom et l’image de leur enfant à des fins politiques»
C’est pour cette raison que Toufik de Planoise a arraché ces affiches. Il témoigne :
« Dimanche à Besançon j’ai arraché des affiches prétendument dédiées à la mémoire de Thomas, ce jeune homme tué dans la Drôme la nuit du 18 au 19 novembre dernier. Ce fait divers sordide est à l’instar de l’affaire Lola particulièrement détourné par la sphère nationaliste, multipliant les démonstrations. Localement cette action de propagande était mené par des militantes de la section Némésis, un groupuscule d’extrême-droite, identitaire, xénophobe, transphobe, raciste, islamophobe, etc., qui avait déjà commis d’importantes dégradations aux relents nauséabonds le 5 novembre à la faculté de la Bouloie«
L’arrachage d’une affiche qui a comme but de propager une idéologie de discrimination est peut-être chose choquante pour les initiateurs de cette campagne (la droite dure dont l’UNI), cependant, la réaction de l’extrême droite et sa galaxie, a dépassé largement toute limite, humainement parlant et légalement. Ce même scénario s’est aussi produit à Paris, Sciences Po, où des affiches en hommage à Thomas ont été arrachées pour la même raison. « Sur les réseaux sociaux, l’antenne de l’IEP du syndicat étudiant de droite UNI a diffusé la vidéo d’un étudiant arrachant les affiches en hommage à l’adolescent. Affiches sur lesquelles figuraient le portrait de Thomas ainsi que les inscriptions suivantes : «Ensauvagement» et «Le laxisme tue» » indique Le Figaro. La récupération politique de ce drame a rendu un geste – qui aurait pu être un geste d’hommage – en action politique xénophobe et raciste.
Suite à la vidéo postée par la militante du « collectif Némésis » qui se présente comme « Militante pour la France » sur son compte Twitter (X) en spécifiant qu’elle n’est « qu’une enfant de la France », une vague de harcèlement s’est abattue sur Toufik de Planoise. Le message initial ne laisse absolument pas de doute sur la volonté de lancer une vague de harcèlement. Le message indique la qualité de Toufik de Planoise avec la précision de « partager en masse ». On remarquera qu’à certains messages relayés par d’autres personnes, la militante « Némésis » s’est pressée à demander la paternité de la vidéo. Dans la foulée un pléiade de comptes avec un nombre important d’abonnés ont commencé à relayer et attiser la haine envers le journaliste indépendant. Parmi les personnalités qui ont relayé, on peut retrouver Eric Naulleau qui s’est fendu dans un message sommaire « Ce sympathique militant d’extrême-gauche arrache les affiches de Thomas. Ça devient une habitude chez ces gens-là« . Morandini, Valeurs Actuelles, Boulevard Voltaire, ont écrit des articles sur cet arrachage d’affiches « extrême ». Le site de Morandini va jusqu’à intégrer les publications des harceleurs les plus insultantes sous lesquelles le doxing du journaliste est encore visible à l’heure de l’écriture de cet article. Toute la galaxie de l’extrême droite, dont certains élus RN, ont relayé la vidéo.
Identifié comme journaliste indépendant par des harceleurs, ils iront chercher l’ensemble des rédactions avec qui il a collaboré pour envoyer des messages d’insultes, de menaces de mort ou des appels à boycott, comme pour notre rédaction. Des messages privés ou des commentaires sur des publication lambda de notre rédaction ont fait leur apparition en masse avec à la clé des menaces de mort.
Le doxing
Le doxing, c’est-à-dire la divulgation de données personnelles d’un internaute dans le but de lui nuire, est désormais clairement défini et puni par la loi. L’article 223-1-1 du Code pénal entré en vigueur le 25 août 2022 identifie le fait de révéler l’identité d’une personne sur Internet ainsi que des informations personnelles la concernant, dans le but de lui nuire, est désormais puni pénalement. La loi prévoit ainsi des peines pouvant aller jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende. Certaines circonstances aggravantes, comme la vulnérabilité de la personne ou sa fonction dans la société civile peuvent alourdir les sanctions. “Lorsque les faits sont commis au préjudice d’une personne dépositaire de l’autorité publique, chargée d’une mission de service public ou titulaire d’un mandat électif public ou d’un journaliste, au sens du deuxième alinéa de l’article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 € d’amende”, est-il expliqué.
La première personne qui a lancé le doxing est un compte Twitter avec le nom « Les Ratons ». Dans leurs message (qui est à ce jour toujours visible sur le réseau X) ils essaient à plusieurs reprises d’interpeler des personnes avec des appels sur Twitter « Qui veut son adresse, c’est gratuit et ça fait plaisir« . Sans trop de succès et comme personne ne répond, ils vont aller écumer le réseau Twitter, pour publier des réponses à des messages de harcèlement ou de menaces de mort ou d’agression, en postant l’adresse postale et le nom de Toufik de Planoise. Ils vont publier son adresse privé à raison d’au moins 17 publications sur Twitter et sur plusieurs comptes Telegram. Parmi les personnes qui ont indiqué connaître l’adresse de Toufik de Planoise figure aussi un certain Théo Giacone
Chose intrigante, la personne qui le doxe, publie une photo d’un papier ou l’on voit l’adresse de Toufik de Planoise.
Cependant, parce-que la photo a été prise avec un téléphone en utilisant le flash, un texte apparaît sur le recto du papier. Et aussi incroyable que cela puisse être, on retrouve le nom de « Théo Giaccone » visible sur le recto du papier pris en photo. Très rapidement, nous avons retrouvé la source de ce document.
Il s’agit d’une plainte de Toufik de Planoise contre Theo Giacone pour agression, à la sortie du tribunal de grande instance de Besançon qui date de 11/10/2022. Le procureur de la République de Besançon, Étienne Manteau, avait classé sans suite l’affaire et malgré la demande explicite de Toufik de Planoise de ne pas partager l’adresse de son domicile avec son agresseur présumé, son adresse sera tout de même partagée sur le document et envoyée à son agresseur présumé. Le même document a été donc envoyé à la victime présumée et à l’agresseur présumé par le procureur de la République, et grâce à ce document, l’utilisateur qui gère le compte « Les Ratons » a lancé une importante campagne de doxing contre le journaliste indépendant sur les réseaux sociaux.
Très important à spécifier, c’est que dans cette affaire d’agression, Toufik de Planoise avait porté plainte contre le procureur de la République, pour avoir partagé son adresse à son agresseur présumé, plainte qui n’a pas abouti à une procédure à ce jour
D’autres comptes Twitter/Facebook/TikTok/Instagram/Telegram ont continué le doxing et un nombre important d’appels téléphoniques ont été effectués sur le numéro publie par les harceleurs sur internet.
Agressions, harcèlement et procédures classées en masse
A Besançon, le petit noyau d’extrême droite locale est assez actif. On y retrouve Théo Giacone, l’un des membre du groupe, qui s’est fait remarquer dernièrement pour avoir peint le visage de la statue de Victor Hugo en blanc, car rénové trop foncé à son goût. A coté de ça il avait apposé une pancarte avec le symbole raciste néonazi « white power » (pouvoir aux blancs). Avec son camarade, Étienne Monneret, ils ont écopé de 140 heures de travail d’intérêt général, ainsi que de la privation de leurs droits civiques durant deux années et le versement d’un total de plus de quatre-mille euros alloués aux trois parties civiles (frais de procédure, préjudice matériel et moral).
Cependant le harcèlement présumé subi par Toufik de Planoise, se chiffre en dizaines de plaintes, en grande partie non instruites ou tout simplement classées sans suite par le parquet. Voici l’un des courriers adressés au procureur Étienne Manteau le 13/03/2023 :
« Par la présente, je souhaite déposer une énième plainte pour« harcèlement moral» (article 222-33- 2-2 du code pénal) visant Messieurs Théo Giacone, K.B. et C.R., ainsi que Madame A.B., compagne de ce dernier, ainsi que X, pour les faits suivants [1] :
– 26 janvier 2023 à 15h56 – commentaire Twitter de Monsieur Théo Giacone ;
– 30 janvier 2023 – publication Instagram « Ratons Nationalistes» ;
– 1er février 2023 – publication Instagram « Ratons Nationalistes » ;
– 7 février 2023 – publication Instagram de Monsieur Théo Giacone ;
– 14 février 2023 – intimidations verbales de K.B., C.R., A.B., venus à ma rencontre, à 20h30 place de la Révolution, pour « me rappeler que les nationalistes sont là » ;
– 22 février 2023 à 16h26 -publication Twitter de Monsieur Théo Giacone; •
– 1er mars 2023 à 13h34 – publication Twitter de Monsieur Théo Giacone ;
– 6 mars 2023 – apparition de graffitis outrageants aux Hauts-du-Chazal.
«
Une partie infime de ce qu’il témoigne subir de façon récurrente : tags infamants à son encontre, affiches avec son visage marqué par des insultes, menaces de mort, agressions, harcèlement moral.
Dans un autre courrier que nous avons pu consulter il avait adressé au procureur Étienne Manteaux le 17 juin 2022, il écrivait :
« Monsieur le Procureur de la République à Besançon.
Après déjà quelque cinq plaintes déposées en moins de douze mois concernant diverses atteintes perpétrées par des individus et groupuscules d’extrême-droite, je me permets d’engager auprès de vos services une nouvelle procédure pénale pour des faits de « harcèlement moral » survenus ces seuls quatre derniers mois à mon encontre et là encore orchestrés par les mêmes mouvances.
En effet à de nombreuses reprises depuis février 2022, j’ai été lourdement visé par divers comportements volontairement nuisibles au motif allégué de mes engagements journalistiques.
Cette situation est devenue invivable depuis mes premiers écrits portant sur« Génération Z » le 10 janvier 2022, entraînant de graves conséquences sur ma santé morale et psychologique ainsi que sur ma vie tant privée, que familiale et professionnelle. Malgré des alertes documentées et répétées sur ces réalités, à ce jour aucun des incidents que j’ai dénoncé n’a connu de dénouement. Cette inertie est absolument scandaleuse, au regard des éléments exposés et de la gravité des menaces et faits. Je ne peux donc qu’espérer, à la suite de mon récit ci-après, une réaction diligente et concrète .
Exposé des faits.
La journée du samedi 12 et samedi 19 février 2022, j’ai découvert que des autocollants avaient été apposés sur la vitrine mon ancien lieu de travail et sur la porte d’entrée de mon syndicat. Un visuel « NS [Nationale-socialiste] zone » venait ainsi d’être fixé sur la vitrine du restaurant « Subway », et un autre « VDL BSK » [Vandal Besak, un groupe néonazi dont les membres m’avaient agressé le 17 juillet 2021] » sur la porte de l’UD-CGT du Doubs (11 rue Battant). Si ce type de dégradation m’est familier depuis plusieurs années, le choix de ces lieux sur une durée aussi concentrée se voulait, selon moi, être un message ciblé.
La nuit du lundi 21 au mardi 22 et du dimanche 27 au lundi 28 février 2022, une campagne d’affichage diffamatoire et infamante a été perpétrée de manière anonyme à mon encontre sur Besançon. Il s’agissait de supports, imprimés en noir et blanc format A4 et A3, avec des photos et mon nom, me reprochant des positions de «communistes», « d’antifasciste» ou encore « d’antiflics . Selon cinq témoins et le constat d’un huissier, ces documents s’accompagnaient d’autocollants « Zemmour président» et « Cocarde étudiante » retrouvés à proximité immédiate. Plainte a été déposée sur ce volet, le vendredi 20 mai 2022 au greffe du TGI.
La soirée du mardi 1er mars 2022, j’assistais à un meeting de « l’Union Populaire » au Kursaal. Durant cet événement, j’ai constaté la présence de membres de « Génération Z » : Messieurs R.C., D.B. et M.B.. Vers 23h00 alors que me trouvais avec une amie place Louis Pasteur afin de rentrer chez moi, un groupe de cinq individus m’a interpellé. J’ai reconnu Messieurs Théo Giacone et A M. Ceux-ci, alcoolisés, n’ont pas hésité à me menacer. Outre un certificat médical et deux témoignages, plainte a été déposée sur ce volet le 9 mars 2022 sous le numéro 00344/2022/002159.
La soirée du mercredi 9 mars 2022, j’assistais à un meeting du « NPA » au Kursaal. Alors que j’avais promu cette rencontre la veille, quelques heures plus tard Monsieur Théo Giacone a laissé entendre qu’il viendrait à l’événement. Sur place j’ai pu constater que Messieurs R.C. et R.J. de « Génération Z » étaient dans la salle. Après leur départ vers .21h30, j’ai été informé qu’une agression était en cours. J’ai reconnu Messieurs Alexandre Meuret, Théo Giacone et R. J. en train de fuir, et retrouvé des visuels « Zemmour », « Cocarde et« VDL BSK » aux abords du site. Seul Monsieur Alexandre Meuret a été poursuivi. »
La question reste : pourquoi tant de plaintes ne sont instruites ou classées quasi-systématiquement sans suite par le procureur de la République de Besançon ?
La suite
Dans cette affaire de doxing, Toufik de Planoise n’est pas le seul touché. Une militante pour les droits humains et pour les droits des animaux, était présente pendant l’arrachage des affiches. Très vite elle aussi a été doxée, l’adresse de son domicile, son numéro de téléphone et son nom ont été affichés sur les réseaux. Elle a reçu des dizaines de coups de fil et des messages de menace. Les harceleurs sont allés jusqu’à écumer la liste des proches de Toufik de Planoise et de façon aléatoire. Ils ont commencé à harceler des personnes, juste parce qu’elles étaient dans sa liste d’amis Facebook.
Une situation d’une violence extrême et sans limite qui puise sa source dans la « haine des gauchos » comme ils l’indiquent sur les réseaux permissifs au harcèlement comme Twitter, Facebook, Instagram ou Telegram. Des demandes de suppression ont été effectuées par l’intéresse, sans grand succès à cette heure
A Besançon, des membres de la gauche ont réagi. Un conseiller PS est même allé jusqu’à demander une protection policière pour le journaliste indépendant, tant la situation s’est dégradée. Toufik de Planoise est marqué par ces attaques sans nom qui viennent de l’extrême droite et sa galaxie. La question d’un relogement est désormais sur la table. Il porte plainte contre les personnes qui ont initié le harcèlement et aussi contre les personnes qui l’ont doxé sur les réseaux.