« Elles n’ont rien pour vivre » : l’association Cent pour un toit vient en aide aux familles sans toit
2 octobre 2025
Clémence Boissier (4 articles)
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« Elles n’ont rien pour vivre » : l’association Cent pour un toit vient en aide aux familles sans toit

« Proposer un logement aux familles qui n’en ont pas » : voici l’objectif que se donne l’association Cent pour un toit, fondée à Besançon en juillet 2024. Karine Laurent, directrice de l’école maternelle Artois à Planoise, est l’une des fondatrices de l’association. Dans l’attente de la première assemblée générale le 8 octobre, elle est invitée sur Radio Bip pour en parler pour la première fois. 

Depuis l’été 2024, l’association Cent pour un toit s’est donné un objectif : héberger les familles qui n’ont pas de toit à Besançon. Le principe, utilisé par d’autres associations en France, est le suivant : en estimant le montant d’un loyer à 700 euros, ce dernier peut être payé si 100 personnes donnent 7 euros chacune par mois.

« Inconcevable d’envisager que des enfants n’aient pas de toit »

Tout a commencé lorsque Karine Laurent et ses collègues se sont rendus compte que certains de leurs élèves, une fratrie scolarisée à Planoise, et leur famille, n’avaient pas de logement. « Il est inconcevable d’envisager que des enfants, le soir après l’école, n’aient pas de toit où rentrer », s’offusque la directrice. Les enseignants responsables de ces enfants se sont réunis pour leur venir en aide. « Le but est de proposer des logements à des familles qui n’en ont pas, et qui n’ont pas accès aux aides de l’État », explique-t-elle.

Aucune indemnité, allocation, subvention, RSA ou APL : les familles qui ne sont pas en situation régulière ne peuvent bénéficier d’aucune aide. « Elles n’ont rien pour vivre », dénonce la militante.

Cent pour un toit est « née de la collaboration de deux collectifs »

L’association collégiale, qui réunit une dizaine de personnes, est née « de la collaboration de deux collectifs qui aidaient une famille chacun de leur côté ». Un second collectif s’était également organisé, au même moment, pour venir en aide à une autre famille. Cent pour un toit s’est alors formée, avec le soutien de la Ligue des droits de l’Homme, du Collectif de Défense des droits et libertés des étrangers (CDDLE), de l’association Welcome-Franois-Serre et de la mairie de Besançon.

Reconnue comme association d’intérêt général, les donateurs bénéficient d’un rescrit fiscal à hauteur de 75% de la somme donnée. À Besançon, le prix des loyers n’atteint pas tout à fait 700 euros, « il tourne autour de 500 ou 600 euros ». Pour loger les familles à l’année, l’association a « besoin de 12 fois cette somme ». Le reste du montant est utilisé pour « meubler l’appartement ou payer les transports pour se rendre au tribunal ».

« Le nombre de famille dépendra des dons que l’on arrivera à récolter »

« Pour l’instant, on aide deux familles. Il faut que l’on puisse subvenir à leurs besoins jusqu’à ce qu’elles volent de leurs propres ailes » : Karine Laurent veut garder les pieds sur terre, le combat se mènera pas à pas. « Mais dès que les dons récoltés nous permettront de le faire, on aidera d’autres familles », espère-t-elle. Si le nombre des familles touchées par le sans-abrisme est difficile à estimer, les militants craignent « qu’il y en ait beaucoup plus qu’on ne pourrait se l’imaginer ». Par peur de se faire expulser du territoire, les femmes ne parlent pas de leurs conditions de vie. « J’ai découvert en fin d’année qu’une autre famille de mon école était dans cette situation et ne l’avait pas dit depuis l’an dernier », explique la directrice.

Si trouver un logement « n’est pas chose simple », l’aide apportée ne s’arrête pas là. « Un jour, en hiver, une maman nous a demandé si nous pouvions avoir des bottes à la bonne pointure pour sa fille », se souvient Karine Laurent. Les besoins des familles sont nombreux : l’accompagnement moral, l’aide lors des procédures administratives, les besoins de traduction ou encore les inscriptions aux cours de français.

« Le nombre de famille dépendra des dons que l’on arrivera à récolter. Nos portes sont ouvertes. Toute personne qui a envie de donner ne serait-ce qu’un peu de temps pour cette cause est la bienvenue », conclut Karine Laurent. Les intéressé(e)s pourront se retrouver lors de la première assemblée générale, le 8 octobre 2025.

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Clémence Boissier

Clémence Boissier

Journaliste