La maire de Vandelans démissionne. Retour sur les raisons

Nous venons seulement d’apprendre la nouvelle. Lou Bailly-Biichlé, la maire de Vandelans en Haute-Saône, démissionne de son poste. Une décision prise en décembre 2022, mais qui n’est relayée dans la presse que 5 mois plus tard. « Je n’ai jamais eu l’intention de médiatiser quoi que ce soit. C’est que tout le monde est venu me chercher. Je n’ai rien demandé. Il y en a déjà qui commencent à grincer des dents au village, » nous dira l’édile au téléphone. Retour sur cette situation.

Une démission décidée au mois de décembre 2022

Lou Bailly-Biichlé | Maire démissionnaire de Vandelans © Lou Bailly-Biichlé

Lou Bailly-Biichlé a remplacé Evelyne Gay en tant que maire lors des dernières élections en 2020. Il s’agit d’une petite commune, sans beaucoup de ressources, où l’équipe municipale n’affiche pas d’appartenance politique. En 2020, la commune comptait 108 habitants, en diminution de 7,69 % par rapport à 2014. Mis à part la gestion de l’eau, il n’y a pas beaucoup d’autres ressources pour cette petite commune de Haute-Saône.

La situation du conseil municipal s’est rapidement détériorée, nous explique la maire. « Ça ne se passait pas bien depuis le début. Deux personnes étaient vraiment méprisantes avec moi. Leur comportement en réunion… franchement, j’ai parfois envie de leur demander s’ils sont à la maternelle. Au village, tout le monde se connaît et pas grand monde ne voulait prendre la fonction de maire. Quand Cédric Grangeot et moi avons décidé de nous présenter, moi pour être maire et lui adjoint, c’est en discutant avec une bonne partie des gens qui se présentaient, parce que personne ne voulait devenir maire. En fait, personne d’autre ne voulait assumer cette responsabilité, et lui et moi étions les plus disponibles à ce moment-là. C’est comme ça que le choix s’est fait. » Et Lou Bailly-Biichlé n’était pas novice en la matière. Elle était conseillère municipale dans l’administration précédente.

A cela s’ajoute aussi le climat sociétal actuel. De plus en plus de pauvreté, de plus en plus de violence. L’édile et son adjoint viennent d’en faire les frais ce 8 Mars. Une femme, armée d’un couteau, les a agressés, heureusement sans les blesser, car son logement, en défaut de paiement depuis 2 ans, venait de se faire couper l’électricité par ENEDIS. Une agression où les insultes homophobes ont fusé… « Elle a pété les plombs et puis c’est tombé sur nous, » nous explique l’édile, « En disant qu’elle allait nous tuer ou égorger, nous crever… et tout ça sur fond de ‘la lesbienne, la gouine’ etc… Les gendarmes sont ensuite intervenus. Ils nous ont demandé de les suivre pour porter plainte. »

Un procès a eu lieu 15 jours après l’agression où la femme a été trouvée coupable et punie de six mois d’emprisonnement avec sursis et de 18 mois de probation. « Ça a été bien jugé, j’ai trouvé. On a aussi demandé un peu de dommages et intérêts… ça devrait payer le psy… mais bon, je n’ai pas beaucoup d’espoir pour cela, on ne verra probablement rien, vu comment cela s’est passé jusqu’à ce point. »

En discutant avec Lou Bailly-Biichlé, nous avons saisi sa fatigue psychologique et le traumatisme que cette agression a pu avoir comme impact sur elle. Son collègue, Cédric, est aussi marqué. Il reste cependant aux manettes, le temps de nouvelles élections. L’édile, quant à elle, a vendu sa maison et quitté le village. Elle compte se reconstruire et se retrouver dans son métier d’écrivaine.

Depuis les dernières élections municipales en 2020, 1 293 maires ont démissionné. De nombreux conseillers municipaux ont fait le même choix…

Emma Audrey

- Journaliste grand reporter.