Franche-Comté : huit organisations syndicales et de jeunesse appellent à la grève générale
14 octobre 2022
Toufik-de-Planoise (97 articles)
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Franche-Comté : huit organisations syndicales et de jeunesse appellent à la grève générale

Jusqu’où ira la contestation ? D’une lutte salariale dans les raffineries passant par une crise à la pompe, patronat et gouvernement se retrouvent désormais face aux balbutiements d’un mouvement social d’ampleur. Sur fond d’inflation et de réforme des retraites, l’absence de dialogue social et les réquisitions ordonnées à Total et Esso ont mis le feu aux poudres. Huit organisations syndicales et de jeunesse appellent à la mobilisation générale, ce mardi 18 octobre.

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À la pompe, entre tensions et pénuries

Besançon, Belfort, Montbéliard, Vesoul, Pontarlier, Lons-le-Saunier, Dole, mais aussi Gray, Ornans, Morteau, Champagnole, Ronchamps, Lure, ou encore Arbois… près d’une cinquantaine de stations sont en état complet d’épuisement des stocks, auxquelles s’ajoutent les nombreuses ruptures partielles doublant allègrement ce chiffre. Si le sort de la Franche-Comté est moins chaotique que les points chauds parisiens et lyonnais, la région est donc loin d’être épargnée.

À l’origine de cette crise, une importante grève menée depuis plus de trois semaines par les salariés des raffineries Total et Esso. Alors que ces sociétés enregistrent des bénéfices records, plusieurs syndicats réclamaient notamment des revalorisations de salaire de l’ordre de 10%. Malgré que la CFDT et la CFE-CGC se soient depuis accordées avec les Directions, la CGT et Force Ouvrière maintiennent fermement cette revendication et poursuivent le mouvement.

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Un pétrole qui fait tâche d’huile

Pour tenter de juguler ce vent de colère et ses conséquences, le Gouvernement a décidé de recourir dès mardi aux mesures dites de « réquisition. » Concrètement les Pouvoirs Publics peuvent dès lors contraindre le personnel à reprendre le travail, les réfractaires s’exposant autrement à six mois de prison ferme et 10 000 euros d’amende (article L.2215-1 CGCT). Un procédé qui a largement choqué dans le monde militant, provoquant une réaction en chaîne immédiate.

Sur le terrain, la colère s’est transformée en explosion sociale. Le site de Donge et de nombreuses stations services rejoignent la fronde, pendant que d’autres secteurs s’apprêtent à suivre : cheminots, dockers, conducteurs de la RATP, agents du nucléaire… le tout confirmé par les principales centrales (CGT, FO, SUD/Solidaires, FSU) ainsi que les organisations de jeunesse (FIDL, UNEF, MNL, Vie lycéenne), qui dénoncent la situation et appellent à la mobilisation générale.

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« Pénaliser l’économie, là où nous le pouvons »

Localement la parole s’accorde aussi avec les actes, un premier rassemblement de « solidarité aux travailleurs en lutte » s’étant tenu ce vendredi soir. Après la démonstration du 29 septembre dernier, ils n’étaient qu’une petite centaine devant la Préfecture du Doubs. Mais tous espèrent amorcer une contestation plus large, sur fond d’inflation et de réforme des retraites. À l’image de Fred’ Vuillaume, gilet jaune et syndiqué FO : « Ce qu’il faut, c’est amener à la grève générale ! »

José Avillès, secrétaire de l’UD-CGT du Doubs, le scande : « C’est en ralliant nos forces, en pénalisant l’économie là où nous le pouvons, par le biais de mouvements et blocages soutenus dans les commerces, dans les entrepôts, dans les services, que nous ferons plier le Patronat. » Julien Juif, pour Sud/Solidaires, semble plus dubitatif : « Je ne sais pas ce qu’il en sera, même si comme mes camarades j’espère que ça bougera… mais de là à être optimiste, attendons encore. »

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Mardi 18 octobre : prélude ou conclusion ?

Pour les Autorités la crainte d’une « contagion » est réelle, ainsi que le révèle une note du renseignement territorial. Mais en Franche-Comté, les forces de l’ordre apparaissent plus posées : « En l’absence de carrefour stratégique comme une raffinerie ou une centrale dans le coin, les choses devraient être calmes. Ce qui nous inquiète davantage à ce stade ce sont les débordements parfois observés, lorsque des clients s’écharpent afin de faire le plein » nous précise une source.

En parallèle, la « marche contre la vie chère » (dimanche, exclusivement à Paris) et la manifestation soulevée par le projet de réforme de l’enseignement professionnel (mardi, 15h00 place du Huit Septembre) faisaient déjà figures de dates-tests. Dans l’agenda social et politique du moment, difficile de savoir si ce nouvel épisode demeurera une grogne sectorielle ou évoluera en synergie globale. Réponse ce mardi 18 octobre, avec un cortège bisontin prévu à 10h30 place Louis Pasteur.
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