En septembre 2022, Nino est arrivée à Vesoul, dans le Doubs, avec son mari et ses trois enfants. Ensemble, ils ont fui la Géorgie. Pour Radio Bip, Nino et son fils aîné, Alex, ont raconté leur parcours.
« Nous dormions dans la voiture » : le parcours d’une famille géorgienne jusqu’à Besançon

« Installez-vous dans le canapé, j’apporte des boissons ». Myriam, bénévole de l’association Cent pour un toit, invite Nino et son fils Alex à s’asseoir. Nino, son mari et leur trois enfants ont fui la Géorgie en 2022. Leur enfant aîné, Alex, a 12 ans, tandis que ses petits frères et sœurs ont cinq et dix ans. Installé aux côtés de sa mère, Alex l’écoute attentivement, prêt à traduire ses mots.
« On ne savait pas quand ils allaient venir »
En septembre 2022, après s’être présentés à la préfecture de Vesoul dans l’espoir d’être mis à l’abri, la famille a été redirigée vers la préfecture de Besançon, manque de place. « Mon petit frère était malade à cause des faibles températures, c’était un moment très compliqué », se souvient Alex. Ils ont attendu le mois de novembre pour être hébergés dans un appartement bisontin du centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Malgré cette mise à l’abri, l’inquiétude était constante : « On ne savait pas si notre demande allait être acceptée. Ils venaient chez nous pour nous demander pourquoi on était toujours là. On avait peur, tout le temps », raconte Nino.
Seulement, en août 2023, juste avant la rentrée scolaire, la famille a reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF). « Ma maman se levait tous les matins à six heures, elle regardait par la fenêtre pour voir s’ils arrivaient », traduit Alex.
« Avec mon mari, nous dormions dans une voiture »
Face à l’urgence de la situation, Nino s’est tournée vers l’école maternelle de son fils cadet. Karine Laurent, professeure dans l’établissement, s’est tournée vers ses collègues, des associations ainsi que de la municipalité pour réunir des soutiens. Ces échanges ont marqué les débuts de l’association Cent pour un toit. Quelques jours plus tard, c’est une autre famille géorgienne qui a permis aux trois enfants de dormir au chaud. « Pendant un mois, les enfants allaient dormir là-bas. Avec mon mari, nous dormions dans une voiture », confie Nino. Sur un parking, en plein hiver, « nous avions froid, mais au moins il ne gelait pas ! », sourit-elle timidement.
En décembre, Myriam les a accueillis chez elle. « Ils dormaient à l’étage. Ils sont restés en famille pendant que je suis partie en vacances », explique-telle. « On était bien, mais on continuait d’avoir peur », intervient Alex. « Nous sommes restés quasiment un an chez Myriam. De tous ces moments, cette période était la meilleure », sourit Nino en se tournant vers son amie.
« Mon mari s’est pris douze coups de couteau »
« Pourquoi avons-nous quitté notre pays ? Mon mari gérait l’entreprise familiale. Un de nos partenaires a commencé à faire des problèmes et a tout volé », détaille Nino. Elle explique :
en Géorgie, la mafia « est puissante, ils font peur, et ils sont amis avec les politiques ». Les pressions et les menaces s’intensifiaient. Un jour d’avril, Nino a retrouvé son mari grièvement blessé : « Douze coups, il s’est pris douze coups de couteaux ». Le cadet, né en 2021, est devenu un outil de chantage. « Ils ont menacé notre enfant pour faire signer à mon mari un papier attestant qu’il ne connaissait pas son agresseur », raconte-t-elle avec émotion. « Il n’y avait plus de choix, c’était : “donne nous l’entreprise ou on détruit ta famille” ».
« Quand nous sommes arrivés ici, tout n’était pas encore réglé. Ils venaient encore nous chercher chez nos parents. Ils ont dû déménager pour se protéger », explique Nino. Alex complète les propos de sa mère : « La criminalité est partout, nous n’étions pas en sécurité ».
« Plus tard, je veux travailler à Londres dans l’informatique ! »
Alex va bientôt entrer au collège. Avec un large sourire, il confie : « Je veux être programmateur informatique. Un de mes cousins travaille pour Microsoft à Londres, je veux faire ça aussi ! Ma grand-mère est maîtresse, elle va pouvoir me donner des cours de mathématiques et de physique en visio ! ». L’association Cent pour un toit a permis à la famille de s’installer dans un appartement. Malgré leurs démarches, leur demande de régularisation s’est soldée par un échec. « Maintenant, on nous dit d’attendre et de nous intégrer. Comment montrer que l’on est intégré si l’on ne peut pas travailler ? » Le visage tendu, Nino baisse les yeux avant de se tourner vers Myriam : « Mais nous sommes chanceux d’avoir rencontré des gens qui nous ont aidés ».
Pour la protection des membres de la famille, leurs prénoms ont été modifiés.
Expression Locale : La Cotisation Sociale
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