« Mine(s) de rien, ça change tout ! ». Le CCFD-Terre Solidaire, ONG de solidarité internationale, organise une journée citoyenne de sensibilisation pour dire « Non à l’extractivisme ! ». Invités sur Radio Bip, Maryse Fischer, coordinatrice au CCFD-Terre Solidaire du Doubs, et Mathieu Salvi, chargé de développement associatif, expliquent pourquoi il est urgent de mettre la lumière sur cette pratique.
« L’extractivisme, un modèle destructeur pour la planète et le vivant » : entretien avec Maryse Fischer et Mathieu Salvi du CCFD-Terre Solidaire
Depuis le 10 décembre 2024, l’ONG CCFD-Terre Solidaire a lancé une campagne nationale, « Abus des multinationales : on devrait tous pouvoir dire non ! ». Mais dire non à quoi, exactement ? À l’extractivisme, « un modèle de développement économique basé sur l’extraction massive et l’exploitation intensive des ressources naturelles destinées à l’exportation, pour répondre aux besoins économiques et énergétiques des sociétés les plus riches et des entreprises internationales », explique Mathieu Salvi.
« L’extractivisme, un modèle destructeur, tant pour la planète… »
La campagne a un objectif clair : obliger le gouvernement français à réguler les activités des multinationales pour les pousser à respecter les droits des populations locales et à les consulter lors de l’élaboration de projets sur leurs territoires.
Les forêts, les eaux, la pêche industrielle, les minerais : la planète est convoitée de toutes parts. Seulement, «les droits humains, autochtones et environnementaux sont malmenés, bafoués, violés par les activités de ces multinationales qui exploitent les richesses de la planète ». Dès le XVème siècle, les sociétés occidentales se sont développées grâce à l’extraction minière, rappelle Mathieu Salvi. « C’est la racine du capitalisme », ajoute-t-il.
En Amérique du Sud, l’ONG dépeint un triste tableau : pollution des eaux, expropriation des terres ou déforestation. Malgré la signature des Accords de Paris en 2015, les conséquences environnementales sont déjà là, « et elles vont s’amplifier ». Pluies torrentielles, vagues de chaleur et sécheresses se multiplient.
« … que pour le vivant »
Ces activités sont également réalisées « au mépris des droits humains ». Dans le monde, ce sont 2 000 défenseurs assassinés en vingt ans, dont 200 en 2021. Au Honduras, les femmes, criminalisées pour leur militantisme, sont doublement touchées : à la fois par la perte de leurs terres, et par la multiplication des violences à leurs égards.
Quelques lueurs d’espoir apparaissent tout de même. Au Pérou, onze défenseurs des droits humains ont été acquittés en novembre 2024 après dix ans de lutte. Ils avaient participé à des manifestations contre le projet minier Las Bambas. Pour Maryse Fischer, c’est « une victoire dans la reconnaissance du droit de protestation et un frein à la criminalisation des mobilisations sociales ».
« La mine de Cerro de Pasco au Pérou, était une source d’enrichissement significative pour la couronne espagnole. Aujourd’hui, elle empoisonne les enfants de la région au plomb. » Crédit : Alessandro Cinque, projet photo « Peru, a toxic state », Lauréat du Grand Prix Photo Terre Solidaire.
« On ne s’approche pas de la neutralité carbone pour 2050 »
Le CCFD-Terre Solidaire milite pour un encadrement renforcé des activités des multinationales. Pour Maryse Fischer, malgré la convention de l’Organisation Internationale du Travail et les lois nationales et européennes sur le devoir de vigilance des entreprises, les mesures ne sont « pas assez appliquées ».
« La neutralité carbone pour 2050, c’est compliqué », alerte Mathieu Salvi. Mais alors, le tout électrique est-il la solution ? Pour y passer, la quantité de matériaux nécessaire devrait atteindre plus d’une dizaine de fois la production mondiale actuelle. Tout en sachant que « la consommation mondiale d’électricité a augmenté de 4% par rapport à 2023 ». Une augmentation due à la multiplication des climatiseurs, à une consommation industrielle accrue ainsi qu’à l’essor des centres de données.
« C’est le moment de s’informer et de se mobiliser »
« De quoi avons-nous vraiment besoin pour être en harmonie avec les autres êtres humains et avec le vivant ? », Maryse Fischer affiche le bien-vivre comme fil conducteur de cette campagne.
Inviter les réflexions dans l’espace public, et peut-être ensuite dans l’espace politique : voici l’objectif de la journée de mobilisation festive et citoyenne bisontine. « Venez partagez vos craintes, refus et rêves » : animations interactives, stands associatifs, jeux, expositions, conférences et concerts seront organisés de 14 heures à 21 heures, le 13 septembre à Besançon, sur l’esplanade des droits de l’Homme et la place du 8 septembre.
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