25 juin 2016 Share

Grève du service des Soins de Suite et de Réadaptation au CHU Besançon

Les chiffres

Pour comprendre l’importance de ce service, voici quelques chiffres:

Les maladies cardio-vasculaires sont la principale cause de mortalité en France (32 % des décès).

1 AVC a lieu toutes les 4 minutes.  1 Français sur 5 est atteint d’une maladie chronique.

Plus de 3,5millions de Français sont diabétiques, + 180 %de cas en 10 ans. 55000 morts par an en France directement ou indirectement liées à l’obésité. Un taux d’obésité qui augmente de 5,9 %par an.

6,5millions de Français obèses en 2009. Plus de 30000 personnes ont été hospitalisées à la suite des accidents de la route entre avril 2010 et mars 2011.

Le taux d’incidence du cancer a augmenté de 35 % chez l’homme et de 43 % chez la femme en 25 ans.

Parmi les affections respiratoires, la broncho-pneumonie chronique obstructive (BPCO) touche 5 % à 10 % de la population française et entraîne plus de 17000 décès par an.

800000 personnes sont atteintes d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée. En 2050, 1 personne sur 3 aura plus de 60 ans, situation entraînant un fort développement des polypathologies du troisième âge.

Le « SSR » – Soins de Suite et de Réadaptation

Centre SSR - SoinsLes centres de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) développent des prises en charge pour le retour à l’autonomie des patients à la suite d’une intervention chirurgicale ou d’un accident de santé.
Ils interviennent efficacement dans l’accompagnement de personnes atteintes de maladies chroniques pour favoriser leur autonomie face à la maladie et améliorer leur qualité de vie. Ils remplissent des missions de prévention, de soins de suite, de rééducation/réadaptation et de réinsertion sociale.

Positionnés entre l’hospitalisation de courte durée et le retour du patient au domicile ou dans le secteur médico-social, ils jouent un rôle charnière au sein du système de santé et permettent d’assurer l’essentielle fluidification des filières de soins.

Le SSR comporte plus de 100 000 lits et places et plus de 32 millions de journées réalisées par an – en France – dont 2 millions en hospitalisation partielle. Ils constituent un relais indispensable aux établissements de court séjour de médecine et de chirurgie, ces derniers étant uniquement centrés sur l’acte chirurgical en tant que tel. Ils doivent donc s’organiser avec les centres de SSR pour permettre aux patients, qui doivent rapidement quitter l’hôpital dans un état non stabilisé, de bénéficier d’une prise en charge globale pour leur retour à l’autonomie.

Par ailleurs, les SSR accueillent directement des adultes ou des enfants atteints de maladies chroniques (obésité, diabète, insuffisances respiratoires… ) qui nécessitent une prise en charge continue à travers une éducation thérapeutique spécifique pour prévenir les récidives et organiser leur bonne réinsertion.

Ils accueillent également des victimes d’accidents de santé (AVC… ) ou de la route (polytraumatisés… ) qui relèvent d’une prise en charge lourde et adaptée.

A Besançon

Professeur Bernard Parratte« Ce service a été crée depuis deux ans. Il fonctionne à temps plein – parque qu’il y a des restructurations hospitalières ne serait-ce qu’architecturales –  depuis à peu près un an, même pas. Donc il faut qu’on se cale, parce qu’il faut qu’on sache qui il faut accueillir, quels sont les besoins des patients et puis on va essayer d’adapter, avec toute l’équipe administrative, les différents personnels dans la meilleure qualité des soins, dans le meilleur parcours de soins pour les patients […] Comment on peut faire pour adapter le type de prise en charge au moyen – non pas que le CHU me donne – parce-que le CHU donne les moyens qu’on leur propose. Le problème c’est peut-être pas un problème nombriliste, loco-local, faudrait peut-être aller regarder plus loin  » nous explique le responsable du service, le Professeur Bernard Parratte.

L’unité a été créée en deux étapes: 14 lits en octobre 2013 pour les affections de l’appareil locomoteur et 15 lits supplémentaires mi-septembre 2014 pour les affections du système nerveux.

Au niveau financier, l’unité reçoit une dotation annuelle allouée par l’Agence régionale de santé. Elle a été fixée au moment de la mise en place du projet.

Le personnel en gréve

« JE SUIS EN GRÉVE, MAIS JE SOIGNE » – peut-on lire sur les blousons du personnel en gréve. Et c’était le cas. C’est une grève qui ne bloque pas le service.

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« Face à une occupation des lits par des patients.es nécessitant de plus en plus de soins spécifiques et de plus en plus dépendants.es dans les gestes de la vie quotidienne (aide complète à la toilette, aide aux repas, aide au lever, etc .. ) le personnel a décidé de faire grève car actuellement il n’est plus en mesure d’apporter des soins de qualité et il ne peut plus assurer la sécurité des patients.es. », peut-on lire sur le communiqué du service en gréve.

Chose inouïe : nous sommes en train d’assister à une gréve d’un personnel qui revendique la possibilité de fournir un service de qualité. Et c’est pour cela que  l’équipe demande des effectifs supplémentaires en adéquation avec la charge de travail et l’objectif de réadaptation.

Nous avons discuté avec le personnel pour comprendre leur fonctions:

« … on essaie le matin de préparer le patient pour qu’il puisse être pris en charge pour la kiné, donc ça veut dire, des toilettes, chez des patients qui sont assez lourds; faut les laver, les habiller, les lever, avec, le plus souvent, deux personnels pour chaque et le service dure environs 45 minutes [..] Nous on doit aussi faire attention pour les surveiller au niveau de l’alimentation pour que les patients ne fassent pas de « fausse route », car c’est souvent le cas dans le service … et il n’y a personne pour les surveiller à ce moment là, parce qu’on a plusieurs patients qui ont besoin d’une aide totale à l’alimentation.

Nous avons ici des personnes qui espèrent avoir une rééducation de type SSR (mais) aujourd’hui on a un service où on fait tout à la va vite et pas du tout notre travail de rééducation et de réadaptation.  »

Voici le récit complet:

Des patients de passage ont tenu à témoigner :

« .. j’ai été hospitalisé le 14 janvier de cette année pour une dissection aortique . Je trouve qu’il manque beaucoup, beaucoup de personnel au SSR. Elles font pas mal leur travail mais elles sont débordées. Il y a pas assez de personnel dans ce service. [..] Ca serait bien de les appuyer un petit peu et leur trouver du monde, parce-que c’est pas assez pour (le service). »

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A notre question : »que-est-ce que vous souhaitez transmettre au personnel en grève ?« , le responsable du service a répondu:  » Continuons … »

 

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